





Photos : La Salle de bains, Lyon
Photos : La Salle de bains, Lyon
Durst
Du 18 septembre au 1 décembre 2007From 18 September to 1 December 2007
Pour cette exposition de l’artiste allemand Olaf Nicolai à la Salle de bains, les visiteurs sont conviés à prendre des nouvelles des étoiles. Des étoiles, il en est question de différentes façons ; une première fois dans l’extrait du Canto d’Ezra Pound reproduit dans l’entrée : matérialisée dans une forme éphémère, une phrase (Nor with stars stretctched, nor looking back from Heaven [1]) est écrite en cierges magiques, susceptible de disparaître en un instant en se consumant dans une pluie d’étincelles. Une pluie comparable à l’effet optique des traînes des étoiles filantes qu’observent les astronomes, professionnels ou amateurs, comme ceux dont les rapports météorologiques en fac-similés posés au sol dans la deuxième salle, devant l’image d’un amas d’étoiles. Quelques points lumineux dans une immense nuit noire, les plus éphémères et aussi les plus spectaculaires (le moment de la rentrée dans l’atmosphère de météores, et donc de leur destruction), sont ceux choisis par ces astronomes comme objets de leur étude, impliquant des heures et des nuits d’attente pour quelques fractions de seconde d’observation.
Faisant le tour de la salle, l’image (celle de la nébuleuse de la Carène – Carina Nebula – et plus exactement de son centre, là où naissent et meurent les étoiles) fonctionne comme un panorama, englobant le regardeur de ses masses gazeuses, de ses milliers d’éléments épars sans ordre apparent, sans hiérarchie – le ciel étoilé comme allover ultime. L’image a été prise par le télescope Hubble, un instrument qui avait lors de sa mise en service cette particularité d’être quasi myope, du fait d’une malfaçon d’une lentille au polissage. Mais à vrai dire, comme les astronomes alors confrontés à ce problème, le regard du visiteur, sans objet, sans but assigné, ne peut que s’égarer dans le panorama, sans possibilité de fixer son attention. Difficile de savoir, pour un néophyte en astronomie, ce qu’il y a à regarder dans cette image (une partie au moins de l’image murale évoque une planche d’un test de Rorschach, et donc suggère que le « contenu » de l’image pourrait bien être une projection de l’intériorité psychologique de celui qui regarde) ; à défaut d’un objet (d’un but) l’expérience de sa contemplation se fait plutôt pour elle-même. Renforçant cette idée que le ciel puisse être appréhendé comme un tout supérieur à ses parties, comme une sorte de peinture allover, et valoir pour cette raison, il y a deux ans, pour sa participation à la Biennale de Venise, Nicolai avait invité les visiteurs, à travers son projet Welcome to the “ tears Of St. Lawrence.” An appointment to Watch Falling Stars (2005), à contempler les étoiles filantes dans le ciel d’Italie en une zone et pendant une période précises.
Depuis la salle, on peut apercevoir dans la cour, par une inversion de la logique entre intérieur et extérieur, une autre étoile – en fait une réplique d’une étoile rouge empruntée à un type de monument commun dans l’ancien bloc communiste, une « flamme éternelle » ; au centre de l’étoile laquelle se consume une flamme – celle de la révolution, ou de l’ardeur révolutionnaire. (Qui d’un autre point de vue, puisqu’il s’agissait souvent de monuments funéraires, peut également être perçue comme une porte donnant sur l’Enfer.) Choisie par les acteurs de la révolution d’octobre comme un symbole de la permanence, comme un repère pour l’orientation (dans l’action comme dans la réflexion), l’étoile rouge s’est avérée filante, elle aussi. Le matérialisme historique se devait d’être un point de repère dans le chaos de l’histoire – en donner un éclairage rationnel, en être la certitude scientifique. Mais comme les étoiles filantes, dont, contrairement aux corps célestes classiques, les mouvements ne peuvent pas être prévus avec exactitude, les lois qui régissent les phénomènes historiques nous échappent. Reste le désir (un sens possible de « Durst », qui est en fait le titre de l’ensemble des œuvres montrées dans la grande salle et la cour) de s’absorber dans leur contemplation, désir de percevoir (et de croire) qui, seul, paraît suffisamment inaltérable pour être une loi.
Faisant le tour de la salle, l’image (celle de la nébuleuse de la Carène – Carina Nebula – et plus exactement de son centre, là où naissent et meurent les étoiles) fonctionne comme un panorama, englobant le regardeur de ses masses gazeuses, de ses milliers d’éléments épars sans ordre apparent, sans hiérarchie – le ciel étoilé comme allover ultime. L’image a été prise par le télescope Hubble, un instrument qui avait lors de sa mise en service cette particularité d’être quasi myope, du fait d’une malfaçon d’une lentille au polissage. Mais à vrai dire, comme les astronomes alors confrontés à ce problème, le regard du visiteur, sans objet, sans but assigné, ne peut que s’égarer dans le panorama, sans possibilité de fixer son attention. Difficile de savoir, pour un néophyte en astronomie, ce qu’il y a à regarder dans cette image (une partie au moins de l’image murale évoque une planche d’un test de Rorschach, et donc suggère que le « contenu » de l’image pourrait bien être une projection de l’intériorité psychologique de celui qui regarde) ; à défaut d’un objet (d’un but) l’expérience de sa contemplation se fait plutôt pour elle-même. Renforçant cette idée que le ciel puisse être appréhendé comme un tout supérieur à ses parties, comme une sorte de peinture allover, et valoir pour cette raison, il y a deux ans, pour sa participation à la Biennale de Venise, Nicolai avait invité les visiteurs, à travers son projet Welcome to the “ tears Of St. Lawrence.” An appointment to Watch Falling Stars (2005), à contempler les étoiles filantes dans le ciel d’Italie en une zone et pendant une période précises.
Depuis la salle, on peut apercevoir dans la cour, par une inversion de la logique entre intérieur et extérieur, une autre étoile – en fait une réplique d’une étoile rouge empruntée à un type de monument commun dans l’ancien bloc communiste, une « flamme éternelle » ; au centre de l’étoile laquelle se consume une flamme – celle de la révolution, ou de l’ardeur révolutionnaire. (Qui d’un autre point de vue, puisqu’il s’agissait souvent de monuments funéraires, peut également être perçue comme une porte donnant sur l’Enfer.) Choisie par les acteurs de la révolution d’octobre comme un symbole de la permanence, comme un repère pour l’orientation (dans l’action comme dans la réflexion), l’étoile rouge s’est avérée filante, elle aussi. Le matérialisme historique se devait d’être un point de repère dans le chaos de l’histoire – en donner un éclairage rationnel, en être la certitude scientifique. Mais comme les étoiles filantes, dont, contrairement aux corps célestes classiques, les mouvements ne peuvent pas être prévus avec exactitude, les lois qui régissent les phénomènes historiques nous échappent. Reste le désir (un sens possible de « Durst », qui est en fait le titre de l’ensemble des œuvres montrées dans la grande salle et la cour) de s’absorber dans leur contemplation, désir de percevoir (et de croire) qui, seul, paraît suffisamment inaltérable pour être une loi.
Pour cette exposition de l’artiste allemand Olaf Nicolai à la Salle de bains, les visiteurs sont conviés à prendre des nouvelles des étoiles. Des étoiles, il en est question de différentes façons ; une première fois dans l’extrait du Canto d’Ezra Pound reproduit dans l’entrée : matérialisée dans une forme éphémère, une phrase (Nor with stars stretctched, nor looking back from Heaven [1]) est écrite en cierges magiques, susceptible de disparaître en un instant en se consumant dans une pluie d’étincelles. Une pluie comparable à l’effet optique des traînes des étoiles filantes qu’observent les astronomes, professionnels ou amateurs, comme ceux dont les rapports météorologiques en fac-similés posés au sol dans la deuxième salle, devant l’image d’un amas d’étoiles. Quelques points lumineux dans une immense nuit noire, les plus éphémères et aussi les plus spectaculaires (le moment de la rentrée dans l’atmosphère de météores, et donc de leur destruction), sont ceux choisis par ces astronomes comme objets de leur étude, impliquant des heures et des nuits d’attente pour quelques fractions de seconde d’observation.
Faisant le tour de la salle, l’image (celle de la nébuleuse de la Carène – Carina Nebula – et plus exactement de son centre, là où naissent et meurent les étoiles) fonctionne comme un panorama, englobant le regardeur de ses masses gazeuses, de ses milliers d’éléments épars sans ordre apparent, sans hiérarchie – le ciel étoilé comme allover ultime. L’image a été prise par le télescope Hubble, un instrument qui avait lors de sa mise en service cette particularité d’être quasi myope, du fait d’une malfaçon d’une lentille au polissage. Mais à vrai dire, comme les astronomes alors confrontés à ce problème, le regard du visiteur, sans objet, sans but assigné, ne peut que s’égarer dans le panorama, sans possibilité de fixer son attention. Difficile de savoir, pour un néophyte en astronomie, ce qu’il y a à regarder dans cette image (une partie au moins de l’image murale évoque une planche d’un test de Rorschach, et donc suggère que le « contenu » de l’image pourrait bien être une projection de l’intériorité psychologique de celui qui regarde) ; à défaut d’un objet (d’un but) l’expérience de sa contemplation se fait plutôt pour elle-même. Renforçant cette idée que le ciel puisse être appréhendé comme un tout supérieur à ses parties, comme une sorte de peinture allover, et valoir pour cette raison, il y a deux ans, pour sa participation à la Biennale de Venise, Nicolai avait invité les visiteurs, à travers son projet Welcome to the “ tears Of St. Lawrence.” An appointment to Watch Falling Stars (2005), à contempler les étoiles filantes dans le ciel d’Italie en une zone et pendant une période précises.
Depuis la salle, on peut apercevoir dans la cour, par une inversion de la logique entre intérieur et extérieur, une autre étoile – en fait une réplique d’une étoile rouge empruntée à un type de monument commun dans l’ancien bloc communiste, une « flamme éternelle » ; au centre de l’étoile laquelle se consume une flamme – celle de la révolution, ou de l’ardeur révolutionnaire. (Qui d’un autre point de vue, puisqu’il s’agissait souvent de monuments funéraires, peut également être perçue comme une porte donnant sur l’Enfer.) Choisie par les acteurs de la révolution d’octobre comme un symbole de la permanence, comme un repère pour l’orientation (dans l’action comme dans la réflexion), l’étoile rouge s’est avérée filante, elle aussi. Le matérialisme historique se devait d’être un point de repère dans le chaos de l’histoire – en donner un éclairage rationnel, en être la certitude scientifique. Mais comme les étoiles filantes, dont, contrairement aux corps célestes classiques, les mouvements ne peuvent pas être prévus avec exactitude, les lois qui régissent les phénomènes historiques nous échappent. Reste le désir (un sens possible de « Durst », qui est en fait le titre de l’ensemble des œuvres montrées dans la grande salle et la cour) de s’absorber dans leur contemplation, désir de percevoir (et de croire) qui, seul, paraît suffisamment inaltérable pour être une loi.
Faisant le tour de la salle, l’image (celle de la nébuleuse de la Carène – Carina Nebula – et plus exactement de son centre, là où naissent et meurent les étoiles) fonctionne comme un panorama, englobant le regardeur de ses masses gazeuses, de ses milliers d’éléments épars sans ordre apparent, sans hiérarchie – le ciel étoilé comme allover ultime. L’image a été prise par le télescope Hubble, un instrument qui avait lors de sa mise en service cette particularité d’être quasi myope, du fait d’une malfaçon d’une lentille au polissage. Mais à vrai dire, comme les astronomes alors confrontés à ce problème, le regard du visiteur, sans objet, sans but assigné, ne peut que s’égarer dans le panorama, sans possibilité de fixer son attention. Difficile de savoir, pour un néophyte en astronomie, ce qu’il y a à regarder dans cette image (une partie au moins de l’image murale évoque une planche d’un test de Rorschach, et donc suggère que le « contenu » de l’image pourrait bien être une projection de l’intériorité psychologique de celui qui regarde) ; à défaut d’un objet (d’un but) l’expérience de sa contemplation se fait plutôt pour elle-même. Renforçant cette idée que le ciel puisse être appréhendé comme un tout supérieur à ses parties, comme une sorte de peinture allover, et valoir pour cette raison, il y a deux ans, pour sa participation à la Biennale de Venise, Nicolai avait invité les visiteurs, à travers son projet Welcome to the “ tears Of St. Lawrence.” An appointment to Watch Falling Stars (2005), à contempler les étoiles filantes dans le ciel d’Italie en une zone et pendant une période précises.
Depuis la salle, on peut apercevoir dans la cour, par une inversion de la logique entre intérieur et extérieur, une autre étoile – en fait une réplique d’une étoile rouge empruntée à un type de monument commun dans l’ancien bloc communiste, une « flamme éternelle » ; au centre de l’étoile laquelle se consume une flamme – celle de la révolution, ou de l’ardeur révolutionnaire. (Qui d’un autre point de vue, puisqu’il s’agissait souvent de monuments funéraires, peut également être perçue comme une porte donnant sur l’Enfer.) Choisie par les acteurs de la révolution d’octobre comme un symbole de la permanence, comme un repère pour l’orientation (dans l’action comme dans la réflexion), l’étoile rouge s’est avérée filante, elle aussi. Le matérialisme historique se devait d’être un point de repère dans le chaos de l’histoire – en donner un éclairage rationnel, en être la certitude scientifique. Mais comme les étoiles filantes, dont, contrairement aux corps célestes classiques, les mouvements ne peuvent pas être prévus avec exactitude, les lois qui régissent les phénomènes historiques nous échappent. Reste le désir (un sens possible de « Durst », qui est en fait le titre de l’ensemble des œuvres montrées dans la grande salle et la cour) de s’absorber dans leur contemplation, désir de percevoir (et de croire) qui, seul, paraît suffisamment inaltérable pour être une loi.
[1]. Que l’on pourrait traduire par : « Ni couvert par la voûte céleste, ni sans personne vous regardant du Paradis. »
Vincent Pécoil
Vincent Pécoil
[1]. Que l’on pourrait traduire par : « Ni couvert par la voûte céleste, ni sans personne vous regardant du Paradis. »
Vincent Pécoil
Vincent Pécoil

Durst, 2007
carton d'invitation
La Salle de bains reçoit le soutien du Ministère de la Culture DRAC Auvergne-Rhône-Alpes,
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.