LA SALLE DE BAINS
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Gibber – salle 2

Mathis Altmann

2023

8 mars – 1 avril 2023

 

Salle 2

En parallèle d’une pratique de la sculpture par assemblage, Mathis Altmann développe depuis quelques années une série d’enseignes lumineuses qui procèdent par détournement. Il a ainsi repris la signalétique de l’une des firmes internationales qui domine le marché des « solutions d’espaces de travail flexible » en y insérant diverses négations : wedontwork, wewontwork, weneverwork. Ces énoncés en leds sapent l’imaginaire communautaire sur lequel repose la publicité de la célèbre marque dont les immeubles de bureau prolifèrent à la place des friches industrielles à Berlin et dans plusieurs métropoles européennes. Mais l’épuisement du slogan met aussi en doute la possibilité d’un élan contestataire de la part d’une génération d’actif.ve.s – y compris de travailleur.euse.s de l’art – converti.e.s à la méritocratie ou complices de leur aliénation par une (sur)activité professionnelle qu’il.elle.s ont eux.elles-même créée. Cela ne les empêche pas d’invoquer encore dans des discours engagés – par exemple, sur l’art, de vieux motifs d’insoumission au système productif tel l’abstentionnisme du Bartleby d’Herman Melville ou l’esprit révolutionnaire de Guy Debord dont le célèbre graffiti « NE TRAVAILLEZ JAMAIS », apparu dans les rues de Paris en 1953, annonçait le développement d’un arsenal théorique pour une critique radicale des conditions d’existence sous le règne du capitalisme avancé.

La croix lumineuse verte est de ces signes visuels inscrits dans la rétine du consommateur universel ; elle relève presque d’un langage inné. L’apercevoir dans la nuit ou dans une zone rurale est tantôt une promesse de salut (pour certain.e.s hypocondriaques) ou celle de trouver la présence du monde civilisé (pour certain.es citadin.es en vacances). Les sculptures lumineuses réalisées à partir de croix de pharmacie de Mathis Altmann exagèrent le pouvoir magnétique de l’objet détourné dans une expérience qui confine à la séance d’hypnose collective. Le soir du vernissage, s’est naturellement formé autour du dispositif une communauté de spectateur.ice.s disposé.e.s, comme tout être domestique au XXIe siècle, à laisser son cerveau émettre des ondes alpha devant une animation lumineuse, même pixelisée. Cette soudaine vision primitive se voit renforcée par le caractère rustre de cette barre de métal rotative qui suspend cette croix la tête en bas dans une lointaine évocation de quelque supplice médiéval ou cérémonie sataniste. Le capot customisé par une peinture digne d’une attraction foraine en fait un corps malade, couvert de pustule et de varicosité.

Certes, ne devriez-vous pas être en train de travailler ?

Il n’était pas tout à fait prévu que la présentation de cette œuvre de Mathis Altmann à la Salle de bains coïncide avec le mouvement social en France. L’artiste analyse depuis longtemps le rapport  « pharmacologique » que nous entretenons au travail dans la société contemporaine : quand le remède est aussi le poison et que la source du problème et des solutions apportée est la même (l’on pense entre autre aux opération managériales de « bien-être au travail »). Considéré comme un travail en cours, l’animation est un montage de texte et d’images trouvées sur internet, comme souvent chez Altmann, elles tentent d’encadrer l’esprit du capitalisme à l’ère de l’hyperactivité

 

 

Biographie :

Mathis Altmann (1987) vit et travaille entre Berlin et Zürich. Son travail a fait l’objet d’expositions monographiques en Allemagne, à Efremidis à Berlin en 2021 ; en Italie, à l’Institut Suisse de Milan en 2018 et en Suisse, au Kunstmuseum de Wintherthur en 2021 et à Truth & Consequences à Genève en 2016.
Il a également participé à de nombreuses expositions collectives en 2021 telles que Bijoux! à Fitzpatrick Gallery à Paris ; Nimmersatt? Imagining Society without Growth au Westfälischer Kunstverein à Münster ; Macht! Licht! au Kunstmuseum Wolfsburg, en Allemagne et en 2020 comme Grand Miniature à Zurich ou encore ANNEMARIE VON MATT. JE NE M’ENNUIE JAMAIS, ON M’ENNUIE au Centre Culturel Suisse à Paris.

Il est représenté par Fitzpatrick Gallery.

Gibber – salle 1

Mathis Altmann

2023

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27 janvier – 25 février 2023

 

Salle 1

 

C’est le genre de recette éculée par des générations de designers d’affiches de films d’horreur et de jaquettes de romans noir – également valables pour les rééditions et les remakes ˗ dont il faut bien reconnaître qu’elle continue de soutenir la promesse d’un frisson. Comme si la communication de masse n’avait pas seulement remanié le paysage mais imprimé en nous une gamme de réflexes pavloviens que stimulent certaines polices de caractères parmi les plus usuelles et librement accessibles. Écrit comme un graffiti sanglant, le titre de l’exposition de Mathis Altmann à La Salle de bains laisse donc envisager cette première salle comme la scène inaugurale d’une fiction qui tournerait au chaos.

Sous ces auspices, en tombant nez à nez avec cette enfilade d’assemblages reliés entre eux par des câbles électriques, l’on pourrait s’imaginer avoir poussé la porte du laboratoire d’un scientifique renégat et mégalo de ceux qui fomentent un plan machiavélique au début des films de série B. En effet, l’appareillage technologique greffé sur les couvercles de verre qui donnent aux sculptures cet aspect de couveuses bioniques ainsi que le brouhaha entremêlé de voix robotiques charrient leur lot d’imaginaires rétro-futuristes.

Mais notons surtout que quelque chose se prépare ˗ comme une exposition en trois volets, qu’un process est en marche : celui d’une œuvre qui se génère et se ramifie depuis une dizaine d’années en contrepoint du scénario plus ou moins prévisible que décrit le développement du capitalisme mondialisé. Mathis Altmann en observe les effets sur notre environnement matériel, nos usages quotidiens, l’aménagement de nos désirs au gré de nos aspirations personnelles ou collectives, et ce avec une perspicacité rare teintée d’un humour louable, quand le constat du désastre fait tellement consensus qu’il participe de la farce. Sa pratique du collage et de l’assemblage, souvent rapprochée de l’héritage des avant-gardes européennes pour ses ressorts critiques pourrait aussi bien renvoyer à une tradition de la côte Ouest des États-Unis, où, dans les années 1960, l’usage des matériaux de rebuts répondait à la pauvreté proliférante à la marge du modèle libéral et exacerbait un climat de confusion idéologique.

C’est d’ailleurs en quittant Los Angeles il y a quelques années que Mathis Altmann s’est installé à Berlin dont les évolutions urbaines constituent désormais le thème central de son travail. La ville fournit au sens propre une partie du matériau de l’œuvre en rejetant dans la rue un flot de débris au rythme de la gentrification systématique de ses quartiers périphériques. Ces matériaux sont réemployés dans les sculptures qui peuvent à leur tour être recyclées dans de nouvelles œuvres comme celles présentées à La Salle de bains, augmentées par un appareillage de technologies récentes qui les remasterisent, pourrait-on dire, en objets lumineux et sonores. Ainsi, l’œuvre procède-t-elle d’un mouvement organique et cyclique (propre au remix) qui va dans le sens inverse de l’expansion de la « ville générique » dont Rem Koolhaas décrit le principe « amnésique » consistant à effacer et remplacer tout ce qui ne répond plus aux nécessités et aux goûts contemporains.

Il ne s’agit pas de donner ici une interprétation narrative de cette installation dont on aura sûrement pu, à ce stade de la lecture, éprouver le caractère hypnotique. Précisons cependant que les bribes absconses de discours émanant de la sculpture située en face du miroir et qu’accompagne le beat sourd qui, à l’entrée, fait vibrer une évocation sensible d’un club techno aménagé dans une usine désaffectée, sont puisées dans la novlangue promotionnelle qui entoure les grandes campagnes de rénovation urbaines berlinoise. Ces dernières donnent leur titre à l’exposition qui propose un diminutif de « gibberish » traduisible par « baratin » ou « charabia ». Aussi ce qui se présente à la fois comme un ensemble de maquettes et comme une machine en rodage pourrait livrer une autre version d’un même rêve (ou cauchemar), soit le refoulé rugueux et ardent des projets de réhabilitation qui prévoient communément l’édification d’immeubles vitrés dédiés au coworking aux abords de friches industrielles reconverties en espaces de loisirs et d’expositions.

 

Liste des œuvres :

untitled 1, 2023
plastique, bois, verre, carton, LED, lampe CCFL, haut-parleur à vibration, boucle audio 1h34min
62x70x91cm

untitled 2, 2023
plastique, bois, métal, verre, carton, LED, haut-parleur à vibration, boucle audio 05min27
50x94x52cm

untitled 3, 2023
plastique, bois, métal, verre, lumière laser, haut-parleur à vibration, boucle audio 06min55
40x82x67cm

untitled 4, 2023
plastique, bois, métal, verre, carton, impression photo, écran LED, haut-parleur à vibration, boucle audio 19min56
41x62x64cm

 

 

Biographie :

Mathis Altmann (1987) vit et travaille entre Berlin et Zürich. Son travail a fait l’objet d’expositions monographiques en Allemagne, à Efremidis à Berlin en 2021 ; en Italie, à l’Institut Suisse de Milan en 2018 et en Suisse, au Kunstmuseum de Wintherthur en 2021 et à Truth & Consequences à Genève en 2016.
Il a également participé à de nombreuses expositions collectives en 2021 telles que Bijoux! à Fitzpatrick Gallery à Paris ; Nimmersatt? Imagining Society without Growth au Westfälischer Kunstverein à Münster ; Macht! Licht! au Kunstmuseum Wolfsburg, en Allemagne et en 2020 comme Grand Miniature à Zurich ou encore ANNEMARIE VON MATT. JE NE M’ENNUIE JAMAIS, ON M’ENNUIE au Centre Culturel Suisse à Paris.

Il est représenté par Fitzpatrick Gallery.

 

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It’s the kind of recipe that has been exhausted by generations of designers of posters for horror films and the covers of crime novels – equally valid, by the way, for the reprints and remakes – although we must admit it still has what it takes to hold out the promise of a pleasurable frisson. As if mass communications hadn’t only reworked the landscape but also imprinted in us a range of Pavlovian reflexes piqued by certain fonts that are among the most common and freely accessible. Written out like a piece of graffiti running with blood, the title of Mathis Altmann’s new show at La Salle de bains, Gibber, lets visitors imagine this first gallery as the initial scene of some fictional story that is sure to descend into chaos and possible carnage.

It is under this sign then that visitors, stumbling face to face on this row of assemblages all connected by electric cables, might well imagine they had pushed open the door to the lab of a renegade megalomaniac scientist, one of those that devise devious plans at the start of B movies. Indeed, the technological gadgetry grafted onto the glass covers, which lend the sculptures their look of bionic incubators, and the hubbub mixed with robotic voices convey a host of retrofuturist images.

But let’s remember above all that something is up, something is being prepared – something like an exhibition in three parts – a process is underway, that of a work of art that has been growing and branching out for a dozen years in counterpoint to the more or less predictable storyline described by the development of globalized capitalism. Mathis Altmann observes its effects on our physical environment, our day-to-day practices, the organizing of our desires according to our personal or collective aspirations, with a rare insight that is tinged with admirable humor, when recognition of the disaster is so generally admitted that it partakes of farce. His use of collage and assemblage is often compared to the inheritance of European avant-gardes for its critical effects. But it could also reference a West Coast tradition in the United States, where in the 1960s the use of scrap materials formed a reaction to the poverty that was proliferating on the margins of the free-market model, while exacerbating a climate of ideological confusion.

Moreover, after leaving Los Angeles a few years ago, Altmann settled in Berlin, whose urban changes now form the central theme of his work. The city quite literally furnishes part of the materials that go into his work by putting out on the street a stream of rubbish in keeping with the systematic gentrification of its outlying zones. These materials are reused in sculptures that may in turn be recycled in new works of art like those featured at La Salle de bains, fitted out with accessories from cutting-edge technologies which remaster them, so to speak, into sound-and-light objects. And so the work advances in a movement that is organic and cyclical (good for remixing). That movement runs counter to the expansion of the “generic city,” in which Rem Koolhaas sees the amnesiac principle at work, erasing and replacing everything that no longer corresponds to contemporary needs and tastes.

The present text is not about offering a narrative interpretation of the installation, whose hypnotic character, by this point in your reading, you have surely felt. And those snatches of speech, the abstruse patter put out by the sculpture situated opposite the mirror and accompanied by that muffled beat at the entrance, a beat that is striking a sensitive chord conjuring up a techno club located in an abandoned warehouse? We should make clear that those bits of discourse have been gleaned from the advertising Newspeak surrounding the major urban renewal projects in Berlin. These clichéd phrases lend the show its title, a diminutive of “gibberish.” Thus, what is presented as both a set of scale models and some machine that is being broken in could deliver another version of the same dream (or nightmare). In other words, the rough ardent repressed side of renewal projects that collectively foresee the construction of glass-paneled buildings dedicated to coworking on the fringes of industrial wastelands converted into leisure and exhibition spaces.

 

 

Biography:

Mathis Altmann (1987) lives and works between Berlin and Zurich. His work has been the subject of monographic exhibitions in Germany, at Efremidis in Berlin in 2021; in Italy, at the Swiss Institute in Milan in 2018 and in Switzerland, at the Kunstmuseum in Wintherthur in 2021 and at Truth & Consequences in Geneva in 2016.
He has also participated in numerous group exhibitions in 2021 such as Bijoux! at Fitzpatrick Gallery in Paris; Nimmersatt? Imagining Society without Growth at the Westfälischer Kunstverein in Münster; Macht! Licht! at the Kunstmuseum Wolfsburg, Germany and in 2020 as Grand Miniature in Zurich or ANNEMARIE VON MATT. JE NE M’ENNUIE JAMAIS, ON M’ENNUIE at the Centre Culturel Suisse in Paris.

He is represented by Fitzpatrick Gallery.

 

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Lancement et discussion autour de l’édition « Incomplete Dark Alphabet : Blow Thou Winter Wind » de Michael Myers

Merryl Bouchereau et Jérémie Nuel

2023

Lancement le jeudi 12 janvier à 19h

Discussion avec les artistes Merryl Bouchereau (dessinateur) et Jérémie Nuel (designer graphique) dans le cadre du lancement de l’édition Incomplete Dark Alphabet : Blow Thou Winter Wind de Michael Myers

 

Incomplete Dark Alphabet de Michael Myers est le fruit d’une collaboration entre l’artiste Merryl Bouchereau et le graphiste Jérémie Nuel.
Blow Thou Winter Wind est la deuxième version de cette édition générée par un système informatisé depuis une série de dessins issus d’une collection d’images et de sons, à la croisée du black metal, de l’univers du tatouage et de la peinture préraphaélite.

 

Biographies :

Merryl Bouchereau, né à Quimper, est un artiste travaillant à Lyon au sein de l’espace Montebello. Le travail de Merryl Bouchereau a été présenté à la Cité du design en 2016 et 2017. Il a également exposé à la dernière Biennale internationale du Design de Saint-Étienne.

Jérémie Nuel est designer graphique basé à Lyon. Il enseigne à l’École supérieure d’art et design de Saint Étienne au sein de la mention Création numérique et participe aux projets de recherche du random(lab).