





Photos : © La Salle de bains
Photos : © La Salle de bains
Dream World
Du 22 septembre au 1 novembre 2008From 22 September to 1 November 2008
La ville post-globale se donne pour fonction d’éveiller les désirs, en préférant vendre du rêve plutôt que de résoudre les problèmes. Elle se développe en une série disjointe de prothèses urbaines, d’oasis protégées, d’enclaves, zones et ghettos qualifiés esthétiquement en fonction des classes sociales auxquelles ils sont destinés. Elle se construit en référence à une mosaïque de modèles diffusés par la mythique American Way of Life, dont elle reproduit le modèle-type. Las Vegas pourrait en être le creuset originel. Dubaï en est l’expression ultime : le prototype monstrueux d’un fantasme futuriste, transféré directement dans le réel depuis les écrans d’ordinateur où il est conçu – en camouflant les conséquences humaines parfois désastreuses d’une telle pratique. Bangkok apparaît comme son adaptation bon marché, en banlieue asiatique de l’Empire.
Avec Dream World, Leo Fabrizio représente ce clash entre des images de rêve et une réalité territoriale. La nouvelle ville thaïlandaise y apparaît dans ses dérèglements architecturaux et urbanistiques comme un programme de société soumis aux impératifs politiques de la junte militaire au pouvoir. Le développement à grande vitesse de la mégapole Thaï au début du vingt-et-unième siècle est soumis à des impératifs de contrôle social, masqués par des promesses de bonheur. Le projet d’une description photographique de ce paradoxe se résume dans l’analyse lucide de l’artiste : « Un peuple qui accède à son rêve et un peuple qui ne se révolte pas. »
Leo Fabrizio développe une procédure réfléchie d’enquête sur le réel, par une investigation en profondeur dans les réalités multiples et contradictoires de la ville thaïlandaise. Son outil de représentation privilégié - la chambre photographique du “peintre de la vie moderne” - lui permet d’effectuer une scrutation analytique des territoires urbanisés qu’il investit. En réinventant l’exigence documentaire, il déploie plusieurs registres d’images qui s’adaptent au sujet observé et permettent la construction d’un “portrait de ville” composite.
Le style de ses images passe ainsi successivement du genre du tableau de paysage à un protocole sériel, d’une objectivité descriptive à une suggestion onirique. L’entrée d’un parc de loisirs donne son titre à ce vaste ensemble de représentations. L’intitulé Dream World marque de son esthétique du divertissement l’espace fermé qu’il signale. Comme un logo pour une entreprise commercialisant un style de vie, vendu en pack avec l’architecture qui le promeut.
Une série de photographies représente le système d’organisation des gated communities - ces enclaves destinées à la nouvelle bourgeoisie, coupées de l’espace public et protégées par des milices privées – à partir de la lisière entre espace public et espace privatisé : cette limite entre un espace sans qualités et un espace surqualifié esthétiquement, en faisant fi de la culture vernaculaire. S’y articule l’enregistrement frontal et systématique des façades de maisons individuelles conçues sur le même modèle et se déployant en de longues frises, en faisant varier par d’infimes différences la monotonie de leur succession.
Les immenses panneaux publicitaires annonçant des programmes immobiliers pharaoniques surplombent les cabanes de survie sur pilotis. Les autoroutes surélevées filent vers un horizon édénique symbolisé par un coucher de soleil aux tons mordorés, semblant ignorer la réalité sociale en contrebas - comme une métaphore de la dure verticalité de la société.
Ce projet reconnaît sa dette envers le séminal Homes for America (1966-1967) de Dan Graham. Le Homes for Thaï de Leo Fabrizio est une anthropologie de l’espace à l’heure de la disparition de l’utopie. Il y a dans la formulation de son enquête photographique un caractère très précisément situé sur un plan local, en un endroit bien particulier de la géographie mondiale, mais aussi une dimension universelle. Bangkok apparaît alors comme un laboratoire de la ville du futur. Une ville du contrôle pensée selon un urbanisme de la peur, étouffée par l’individualisme, les neuroleptiques de la société de surconsommation et l’aspiration à la propriété privée comme finalité ultime de vies exsangues. Un mauvais rêve. Un cauchemar éveillé, sous le soleil exactement.
Pascal Beausse
Avec Dream World, Leo Fabrizio représente ce clash entre des images de rêve et une réalité territoriale. La nouvelle ville thaïlandaise y apparaît dans ses dérèglements architecturaux et urbanistiques comme un programme de société soumis aux impératifs politiques de la junte militaire au pouvoir. Le développement à grande vitesse de la mégapole Thaï au début du vingt-et-unième siècle est soumis à des impératifs de contrôle social, masqués par des promesses de bonheur. Le projet d’une description photographique de ce paradoxe se résume dans l’analyse lucide de l’artiste : « Un peuple qui accède à son rêve et un peuple qui ne se révolte pas. »
Leo Fabrizio développe une procédure réfléchie d’enquête sur le réel, par une investigation en profondeur dans les réalités multiples et contradictoires de la ville thaïlandaise. Son outil de représentation privilégié - la chambre photographique du “peintre de la vie moderne” - lui permet d’effectuer une scrutation analytique des territoires urbanisés qu’il investit. En réinventant l’exigence documentaire, il déploie plusieurs registres d’images qui s’adaptent au sujet observé et permettent la construction d’un “portrait de ville” composite.
Le style de ses images passe ainsi successivement du genre du tableau de paysage à un protocole sériel, d’une objectivité descriptive à une suggestion onirique. L’entrée d’un parc de loisirs donne son titre à ce vaste ensemble de représentations. L’intitulé Dream World marque de son esthétique du divertissement l’espace fermé qu’il signale. Comme un logo pour une entreprise commercialisant un style de vie, vendu en pack avec l’architecture qui le promeut.
Une série de photographies représente le système d’organisation des gated communities - ces enclaves destinées à la nouvelle bourgeoisie, coupées de l’espace public et protégées par des milices privées – à partir de la lisière entre espace public et espace privatisé : cette limite entre un espace sans qualités et un espace surqualifié esthétiquement, en faisant fi de la culture vernaculaire. S’y articule l’enregistrement frontal et systématique des façades de maisons individuelles conçues sur le même modèle et se déployant en de longues frises, en faisant varier par d’infimes différences la monotonie de leur succession.
Les immenses panneaux publicitaires annonçant des programmes immobiliers pharaoniques surplombent les cabanes de survie sur pilotis. Les autoroutes surélevées filent vers un horizon édénique symbolisé par un coucher de soleil aux tons mordorés, semblant ignorer la réalité sociale en contrebas - comme une métaphore de la dure verticalité de la société.
Ce projet reconnaît sa dette envers le séminal Homes for America (1966-1967) de Dan Graham. Le Homes for Thaï de Leo Fabrizio est une anthropologie de l’espace à l’heure de la disparition de l’utopie. Il y a dans la formulation de son enquête photographique un caractère très précisément situé sur un plan local, en un endroit bien particulier de la géographie mondiale, mais aussi une dimension universelle. Bangkok apparaît alors comme un laboratoire de la ville du futur. Une ville du contrôle pensée selon un urbanisme de la peur, étouffée par l’individualisme, les neuroleptiques de la société de surconsommation et l’aspiration à la propriété privée comme finalité ultime de vies exsangues. Un mauvais rêve. Un cauchemar éveillé, sous le soleil exactement.
Pascal Beausse
La ville post-globale se donne pour fonction d’éveiller les désirs, en préférant vendre du rêve plutôt que de résoudre les problèmes. Elle se développe en une série disjointe de prothèses urbaines, d’oasis protégées, d’enclaves, zones et ghettos qualifiés esthétiquement en fonction des classes sociales auxquelles ils sont destinés. Elle se construit en référence à une mosaïque de modèles diffusés par la mythique American Way of Life, dont elle reproduit le modèle-type. Las Vegas pourrait en être le creuset originel. Dubaï en est l’expression ultime : le prototype monstrueux d’un fantasme futuriste, transféré directement dans le réel depuis les écrans d’ordinateur où il est conçu – en camouflant les conséquences humaines parfois désastreuses d’une telle pratique. Bangkok apparaît comme son adaptation bon marché, en banlieue asiatique de l’Empire.
Avec Dream World, Leo Fabrizio représente ce clash entre des images de rêve et une réalité territoriale. La nouvelle ville thaïlandaise y apparaît dans ses dérèglements architecturaux et urbanistiques comme un programme de société soumis aux impératifs politiques de la junte militaire au pouvoir. Le développement à grande vitesse de la mégapole Thaï au début du vingt-et-unième siècle est soumis à des impératifs de contrôle social, masqués par des promesses de bonheur. Le projet d’une description photographique de ce paradoxe se résume dans l’analyse lucide de l’artiste : « Un peuple qui accède à son rêve et un peuple qui ne se révolte pas. »
Leo Fabrizio développe une procédure réfléchie d’enquête sur le réel, par une investigation en profondeur dans les réalités multiples et contradictoires de la ville thaïlandaise. Son outil de représentation privilégié - la chambre photographique du “peintre de la vie moderne” - lui permet d’effectuer une scrutation analytique des territoires urbanisés qu’il investit. En réinventant l’exigence documentaire, il déploie plusieurs registres d’images qui s’adaptent au sujet observé et permettent la construction d’un “portrait de ville” composite.
Le style de ses images passe ainsi successivement du genre du tableau de paysage à un protocole sériel, d’une objectivité descriptive à une suggestion onirique. L’entrée d’un parc de loisirs donne son titre à ce vaste ensemble de représentations. L’intitulé Dream World marque de son esthétique du divertissement l’espace fermé qu’il signale. Comme un logo pour une entreprise commercialisant un style de vie, vendu en pack avec l’architecture qui le promeut.
Une série de photographies représente le système d’organisation des gated communities - ces enclaves destinées à la nouvelle bourgeoisie, coupées de l’espace public et protégées par des milices privées – à partir de la lisière entre espace public et espace privatisé : cette limite entre un espace sans qualités et un espace surqualifié esthétiquement, en faisant fi de la culture vernaculaire. S’y articule l’enregistrement frontal et systématique des façades de maisons individuelles conçues sur le même modèle et se déployant en de longues frises, en faisant varier par d’infimes différences la monotonie de leur succession.
Les immenses panneaux publicitaires annonçant des programmes immobiliers pharaoniques surplombent les cabanes de survie sur pilotis. Les autoroutes surélevées filent vers un horizon édénique symbolisé par un coucher de soleil aux tons mordorés, semblant ignorer la réalité sociale en contrebas - comme une métaphore de la dure verticalité de la société.
Ce projet reconnaît sa dette envers le séminal Homes for America (1966-1967) de Dan Graham. Le Homes for Thaï de Leo Fabrizio est une anthropologie de l’espace à l’heure de la disparition de l’utopie. Il y a dans la formulation de son enquête photographique un caractère très précisément situé sur un plan local, en un endroit bien particulier de la géographie mondiale, mais aussi une dimension universelle. Bangkok apparaît alors comme un laboratoire de la ville du futur. Une ville du contrôle pensée selon un urbanisme de la peur, étouffée par l’individualisme, les neuroleptiques de la société de surconsommation et l’aspiration à la propriété privée comme finalité ultime de vies exsangues. Un mauvais rêve. Un cauchemar éveillé, sous le soleil exactement.
Pascal Beausse
Avec Dream World, Leo Fabrizio représente ce clash entre des images de rêve et une réalité territoriale. La nouvelle ville thaïlandaise y apparaît dans ses dérèglements architecturaux et urbanistiques comme un programme de société soumis aux impératifs politiques de la junte militaire au pouvoir. Le développement à grande vitesse de la mégapole Thaï au début du vingt-et-unième siècle est soumis à des impératifs de contrôle social, masqués par des promesses de bonheur. Le projet d’une description photographique de ce paradoxe se résume dans l’analyse lucide de l’artiste : « Un peuple qui accède à son rêve et un peuple qui ne se révolte pas. »
Leo Fabrizio développe une procédure réfléchie d’enquête sur le réel, par une investigation en profondeur dans les réalités multiples et contradictoires de la ville thaïlandaise. Son outil de représentation privilégié - la chambre photographique du “peintre de la vie moderne” - lui permet d’effectuer une scrutation analytique des territoires urbanisés qu’il investit. En réinventant l’exigence documentaire, il déploie plusieurs registres d’images qui s’adaptent au sujet observé et permettent la construction d’un “portrait de ville” composite.
Le style de ses images passe ainsi successivement du genre du tableau de paysage à un protocole sériel, d’une objectivité descriptive à une suggestion onirique. L’entrée d’un parc de loisirs donne son titre à ce vaste ensemble de représentations. L’intitulé Dream World marque de son esthétique du divertissement l’espace fermé qu’il signale. Comme un logo pour une entreprise commercialisant un style de vie, vendu en pack avec l’architecture qui le promeut.
Une série de photographies représente le système d’organisation des gated communities - ces enclaves destinées à la nouvelle bourgeoisie, coupées de l’espace public et protégées par des milices privées – à partir de la lisière entre espace public et espace privatisé : cette limite entre un espace sans qualités et un espace surqualifié esthétiquement, en faisant fi de la culture vernaculaire. S’y articule l’enregistrement frontal et systématique des façades de maisons individuelles conçues sur le même modèle et se déployant en de longues frises, en faisant varier par d’infimes différences la monotonie de leur succession.
Les immenses panneaux publicitaires annonçant des programmes immobiliers pharaoniques surplombent les cabanes de survie sur pilotis. Les autoroutes surélevées filent vers un horizon édénique symbolisé par un coucher de soleil aux tons mordorés, semblant ignorer la réalité sociale en contrebas - comme une métaphore de la dure verticalité de la société.
Ce projet reconnaît sa dette envers le séminal Homes for America (1966-1967) de Dan Graham. Le Homes for Thaï de Leo Fabrizio est une anthropologie de l’espace à l’heure de la disparition de l’utopie. Il y a dans la formulation de son enquête photographique un caractère très précisément situé sur un plan local, en un endroit bien particulier de la géographie mondiale, mais aussi une dimension universelle. Bangkok apparaît alors comme un laboratoire de la ville du futur. Une ville du contrôle pensée selon un urbanisme de la peur, étouffée par l’individualisme, les neuroleptiques de la société de surconsommation et l’aspiration à la propriété privée comme finalité ultime de vies exsangues. Un mauvais rêve. Un cauchemar éveillé, sous le soleil exactement.
Pascal Beausse

Dream World, 2008
carton d'invitation
Commissariat : Pascal Beausse
Commissariat : Pascal Beausse
La Salle de bains reçoit le soutien du Ministère de la Culture DRAC Auvergne-Rhône-Alpes,
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.