





Photos : © La Salle de bains
Photos : © La Salle de bains
Background
Du 20 novembre 2009 au 16 janvier 2010From 20 November 2009 to 16 January 2010
Le film Background, qui donne son nom à cette première exposition personnelle de Magali Reus en France, met en scène six hommes athlétiques qui ressemblent à des soldats. Ils accomplissent une série de tâches physiques chorégraphiées. La scène se déroule dans un environnement désertique et surréel, au milieu des agrégats, un espace absolument générique. Concentrés, et absorbés de manière intense dans leurs actions, ces hommes font des mouvements dont le sens nous reste caché. Essaient-ils de tester leur force ? Sont-ils en compétition ? Le désir qui les meut nous reste étranger. Comme l’écrit l’artiste, « le film devient un jeu entre trois éléments génériques, les hommes, les matières, et le paysage, qui semblent interagir. Pourtant, il est difficile de savoir lequel de ces éléments est le plus important et lequel fonctionne comme un simple arrière-plan ».
Le film évoque une ambiance contemplative, proche de celle que l’on trouve dans le magnifique film Beau Travail de Claire Denis, qui met en scène un groupe de légionnaires à Djibouti, engagés dans des rivalités amoureuses et physiques. Mais ce qui intéresse Magali Reus est moins une analyse de la construction du genre (chez Denis, les hommes surjouent leur virilité tout en accomplissant des activités traditionnellement catégorisées comme féminines, qu’il s’agisse de repassage, ou de cuisine) qu’une proposition d’ordre sculpturale.
« J’adore être une femme et produire des œuvres masculines, je ne m’imagine pas produire des sculptures délicates en porcelaine, si c’est ce que les gens considèrent comme féminin. Ce n’est pas ce qui m’intéresse » explique-t-elle. Ces hommes accomplissent donc successivement, et loin de toute trame narrative, des situations de sculpture. S’impose, au fur et mesure qu’ils accomplissent ces gestes, l’évidence d’un parallélisme entre la sculpture et le corps. Ces hommes, qui jouent avec des éléments de sculptures, sont aussi engagés dans un processus de modification de leur propre corps. Ils ont d’ailleurs été castés par l’artiste pour leurs qualités physiques, leurs beaux corps. Elle les a d'abord regardés comme des sculptures.
Le parcours proposé par l’exposition est le suivant : on entre dans l’espace pour y voir une série de sculptures génériques, qui évoquent l’art minimal. Puis on arrive dans la salle du fond où l’on découvre le film. Lorsque l’on revient vers les sculptures, elles ne semblent plus génériques, mais chargées d’un nouveau sens. La couleur verte de Sheet Section (Countershading) rappelle le motif camouflage des tenues et accessoires militaires (le terme countershading évoque d’ailleurs les stratégies de camouflage utilisées par certains animaux). Les découpes de Pattern Recognition évoquent les plaques métalliques des soldats. La structure de Lift fait écho aux éléments d’entraînement sportifs et autres agrès.
Il ne s’agit pas seulement, en dépit du titre, et bien que l’idée séduise par ailleurs Magali Reus, de produire une sculpture d’ambiance comme on compose une musique de fond. Les sculptures ne se contentent pas de faire allusion au film, ou d’évoquer le monde formel de l’armée. Et elles ne sont en aucun cas les accessoires du film.
L’artiste décrit ces hommes comme « attendant des instructions », et l’on pourrait donc dire que comme ces hommes, les sculptures de Background, toutes génériques, attendent elles aussi des instructions. Les rapports existant entre les sculptures et le film fonctionnent donc à deux sens : le corps est pensé comme une sculpture, et dans le même temps, l’artiste ironise sur la nature militaire de l’art minimal, son austérité formelle, et son devoir de réserve. La dimension exigeante de l’expérience qu’elles offrent au spectateur se trouve ici réinventée et déplacée dans une sculpture colorée et brillante. Dans l’exposition, la discipline du regard et celle du corps se superposent, puis se défont, la dureté du métal s’évanouit dans le sable, ou dans ces sculptures molles posées au sol.
Le film évoque une ambiance contemplative, proche de celle que l’on trouve dans le magnifique film Beau Travail de Claire Denis, qui met en scène un groupe de légionnaires à Djibouti, engagés dans des rivalités amoureuses et physiques. Mais ce qui intéresse Magali Reus est moins une analyse de la construction du genre (chez Denis, les hommes surjouent leur virilité tout en accomplissant des activités traditionnellement catégorisées comme féminines, qu’il s’agisse de repassage, ou de cuisine) qu’une proposition d’ordre sculpturale.
« J’adore être une femme et produire des œuvres masculines, je ne m’imagine pas produire des sculptures délicates en porcelaine, si c’est ce que les gens considèrent comme féminin. Ce n’est pas ce qui m’intéresse » explique-t-elle. Ces hommes accomplissent donc successivement, et loin de toute trame narrative, des situations de sculpture. S’impose, au fur et mesure qu’ils accomplissent ces gestes, l’évidence d’un parallélisme entre la sculpture et le corps. Ces hommes, qui jouent avec des éléments de sculptures, sont aussi engagés dans un processus de modification de leur propre corps. Ils ont d’ailleurs été castés par l’artiste pour leurs qualités physiques, leurs beaux corps. Elle les a d'abord regardés comme des sculptures.
Le parcours proposé par l’exposition est le suivant : on entre dans l’espace pour y voir une série de sculptures génériques, qui évoquent l’art minimal. Puis on arrive dans la salle du fond où l’on découvre le film. Lorsque l’on revient vers les sculptures, elles ne semblent plus génériques, mais chargées d’un nouveau sens. La couleur verte de Sheet Section (Countershading) rappelle le motif camouflage des tenues et accessoires militaires (le terme countershading évoque d’ailleurs les stratégies de camouflage utilisées par certains animaux). Les découpes de Pattern Recognition évoquent les plaques métalliques des soldats. La structure de Lift fait écho aux éléments d’entraînement sportifs et autres agrès.
Il ne s’agit pas seulement, en dépit du titre, et bien que l’idée séduise par ailleurs Magali Reus, de produire une sculpture d’ambiance comme on compose une musique de fond. Les sculptures ne se contentent pas de faire allusion au film, ou d’évoquer le monde formel de l’armée. Et elles ne sont en aucun cas les accessoires du film.
L’artiste décrit ces hommes comme « attendant des instructions », et l’on pourrait donc dire que comme ces hommes, les sculptures de Background, toutes génériques, attendent elles aussi des instructions. Les rapports existant entre les sculptures et le film fonctionnent donc à deux sens : le corps est pensé comme une sculpture, et dans le même temps, l’artiste ironise sur la nature militaire de l’art minimal, son austérité formelle, et son devoir de réserve. La dimension exigeante de l’expérience qu’elles offrent au spectateur se trouve ici réinventée et déplacée dans une sculpture colorée et brillante. Dans l’exposition, la discipline du regard et celle du corps se superposent, puis se défont, la dureté du métal s’évanouit dans le sable, ou dans ces sculptures molles posées au sol.
The film Background, which shares its title with Magali Reus’ first solo exhibition in France, depicts six athletic men who look like soldiers. They perform a series of choreographed physical exercises. The scene takes place in a location that is deserted and surreal, an environment surrounded by gravel and aggregate. Concentrated on, as well as intensively occupied by their actions, these men perform movements whose purpose remains elusive. Are they testing their strength? Is it a competition? The motivation is puzzling. As the artist says, “ the film becomes a game between three generic elements, the men, the materials and the landscape interacting with each other. Though, it is difficult to know which of those elements is the most important and which one works as a background.”
The movie evokes an atmosphere, similar to the experience of watching Claire Denis’ movie Beau Travail, which focuses on a group of légionnaires in Djibouti experiencing love and physical rivalry. What Magali Reus is less interested in, however, is an analysis of the politics of gender in the film, choosing to focus on the sculptural possibilities it contains instead (in Denis’ movie, the actors pastiche tasks which are usually categorised as ‘women’s jobs,’ such as ironing or cooking).
“I like being a woman producing masculine works, I can’t imagine myself producing subtle porcelain sculptures, if this is what people consider as a feminine work. That’s not what I am interested in,” Reus claims. The men in the film successively create, without any narrative framework, sculptural situations. It becomes increasingly clear that the sculptures are becoming one with the body. Playing with sculptural components, the men also engage in a process of corporeal improvement, being chosen for their physical virtue and their well-honed beauty as much as anything else. They become, in turn, sculptures for the artist.
The experience of visiting the exhibition has been conceived in such a way that one first encounters a series of sculptures referring to minimal art. Then, in the back, we come to a screening room where we discover the film. Returning to the exit, the sculptures no longer look like generic forms, they have taken on a different meaning. The green colour of Sheet Section (Countershading) becomes the camouflage of military uniforms and accessories (the term ‘countershading’ also evokes an animal’s concealment strategy). The cut-outs of Pattern Recognition evokes armour that might be worn by a soldier and the structure of Lift echoes the forms of their training equipment and other apparatus.
In spite of its title, and even if the idea is a seductive one for the artist, the show doesn’t only deal with the making of a ‘background sculpture’ (in the sense of easy listening or ‘muzak’). The sculptures do more than allude to the movie or the formality of the army. Though they look stylistically similar to the props in the film and the sculptures in the gallery space are very different.
The artist describes the men in the film as “waiting for instructions” and one could say that the sculptures in Background are similarly waiting for instructions. The relationship between the sculptures and the movie is two-fold, the body is considered as a sculpture, and at the same time the artist ironically references the quasi minimalist features and formal austerity of military equipment. The demanding part of the experience for the audience is the reinvention of these components as glossy coloured sculptures. The discipline of this look is superimposed on the discipline of the body, and then this falls apart. In the film, the hardness of the metal disappears into the sand, whilst in the exhibition space the soft rubber sculptures appear to merge into the colour of the floor.
The movie evokes an atmosphere, similar to the experience of watching Claire Denis’ movie Beau Travail, which focuses on a group of légionnaires in Djibouti experiencing love and physical rivalry. What Magali Reus is less interested in, however, is an analysis of the politics of gender in the film, choosing to focus on the sculptural possibilities it contains instead (in Denis’ movie, the actors pastiche tasks which are usually categorised as ‘women’s jobs,’ such as ironing or cooking).
“I like being a woman producing masculine works, I can’t imagine myself producing subtle porcelain sculptures, if this is what people consider as a feminine work. That’s not what I am interested in,” Reus claims. The men in the film successively create, without any narrative framework, sculptural situations. It becomes increasingly clear that the sculptures are becoming one with the body. Playing with sculptural components, the men also engage in a process of corporeal improvement, being chosen for their physical virtue and their well-honed beauty as much as anything else. They become, in turn, sculptures for the artist.
The experience of visiting the exhibition has been conceived in such a way that one first encounters a series of sculptures referring to minimal art. Then, in the back, we come to a screening room where we discover the film. Returning to the exit, the sculptures no longer look like generic forms, they have taken on a different meaning. The green colour of Sheet Section (Countershading) becomes the camouflage of military uniforms and accessories (the term ‘countershading’ also evokes an animal’s concealment strategy). The cut-outs of Pattern Recognition evokes armour that might be worn by a soldier and the structure of Lift echoes the forms of their training equipment and other apparatus.
In spite of its title, and even if the idea is a seductive one for the artist, the show doesn’t only deal with the making of a ‘background sculpture’ (in the sense of easy listening or ‘muzak’). The sculptures do more than allude to the movie or the formality of the army. Though they look stylistically similar to the props in the film and the sculptures in the gallery space are very different.
The artist describes the men in the film as “waiting for instructions” and one could say that the sculptures in Background are similarly waiting for instructions. The relationship between the sculptures and the movie is two-fold, the body is considered as a sculpture, and at the same time the artist ironically references the quasi minimalist features and formal austerity of military equipment. The demanding part of the experience for the audience is the reinvention of these components as glossy coloured sculptures. The discipline of this look is superimposed on the discipline of the body, and then this falls apart. In the film, the hardness of the metal disappears into the sand, whilst in the exhibition space the soft rubber sculptures appear to merge into the colour of the floor.
Liste des œuvres :
List of works :
Background
7 min 30 s, montré en boucle, couleur, stéréo, HD sur Blu-ray
Sheet Section (Countershading)
résine polyester, pigments, MDF
Pattern recognition
Acier inoxydable découpé au laser
Closure
aluminium moulé
Spill
caoutchouc de silicone
Lift
aluminium brossé, fibre de verre peinte et résine polyester
7 min 30 s, montré en boucle, couleur, stéréo, HD sur Blu-ray
Sheet Section (Countershading)
résine polyester, pigments, MDF
Pattern recognition
Acier inoxydable découpé au laser
Closure
aluminium moulé
Spill
caoutchouc de silicone
Lift
aluminium brossé, fibre de verre peinte et résine polyester
Background
7min 30 s, on loop, colour, stereo sound, HD on Blu-Ray
Sheet Section (Countershading)
polyester resin, pigments, MDF
Pattern recognition
Laser-cut stainless steel
Closure
cast aluminium
Spill
silicone rubber
Lift
brushed aluminium, painted fibreglass and polyester resin
7min 30 s, on loop, colour, stereo sound, HD on Blu-Ray
Sheet Section (Countershading)
polyester resin, pigments, MDF
Pattern recognition
Laser-cut stainless steel
Closure
cast aluminium
Spill
silicone rubber
Lift
brushed aluminium, painted fibreglass and polyester resin

Background, 2009
carton d'invitation
Magali Reus, née en 1981 (Pays-Bas).
Vit et travaille à Londres.
Représentée par The Approach et Fons Welters.
Vit et travaille à Londres.
Représentée par The Approach et Fons Welters.
Magali Reus, née en 1981 (Pays-Bas).
Vit et travaille à Londres.
Représentée par The Approach et Fons Welters.
Vit et travaille à Londres.
Représentée par The Approach et Fons Welters.
Cette exposition a reçu le soutien du Fonds municipal de la Haye, Fonds BKV et de l'Ambassade des Pays-Bas en France.
Cette exposition a reçu le soutien du Fonds municipal de la Haye, Fonds BKV et de l'Ambassade des Pays-Bas en France.
La Salle de bains reçoit le soutien du Ministère de la Culture DRAC Auvergne-Rhône-Alpes,
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.