







Photos : Aurélie Leplatre / © La Salle de bains
Photos : Aurélie Leplatre / © La Salle de bains
Understanding Through Peace
Du 10 septembre au 29 octobre 2011From 10 September to 29 October 2011
L’année 2011 a vu le triomphe définitif de Mad Men. La mini-série télé The Kennedys a lamentablement échoué, mais la tournée Âge tendre et tête de bois a connu plus de succès encore que les années précédentes. Les rédactrices de mode n’ont eu de cesse d’exhorter leurs lectrices à porter des couleurs vives, des jupes midi, des tailles hautes bien marquées et de larges traits d’eye-liner. Et la Beatlemania est toujours mondiale. Par delà la mode du vintage et le jeu des revivals si fréquemment utilisés par le marketing, il se pourrait que l’année 1964 soit un excellent miroir pour approcher les enjeux culturels et politiques de l’époque qui est la nôtre.
La New York World’s Fair attire entre 1964 et 1965 près des 52 millions de spectateurs. Ouverte dans le Queens quelques mois seulement après l’assassinat à Dallas de John F. Kennedy, elle offre à une foule massive de visiteurs l’expérience réconfortante mais mensongère d’un monde d’innovation, de confort, et de progrès. Le projet au long cours Understanding through Peace de Nicolas Garait-Leavenworth emprunte son titre à la devise de cette fameuse exposition. L’artiste a constitué au fil du temps une vaste collection d’images liées plus ou moins directement à cette foire historique. Sa collection est en constante expansion et il l’active régulièrement sous la forme d’accrochages, de vidéos, de textes ou de performances. Peu à peu, l’exploration en images de cet événement a pris de l’ampleur et s’est transformée en enquête visuelle sur une époque. La collection se constitue ainsi de documents minutieusement recueillis, mais également de fictions et de mythologies.
Cette foire, qui se déroule en pleine période de bouleversement politique et de redéfinition des identités raciales, sexuelles et culturelles aux USA, est une sorte d’abri passéiste qui permet aux spectateurs de se réfugier dans les ruines de l’American Dream et dans ses rêves de prospérité. C’est cette nature paradoxale qui l’intéresse en premier lieu : il envisage la foire de 1964 comme une allégorie des espérances déçues et du gouffre entre les promesses officielles et la réalité, une allégorie qui semble valoir encore pour notre époque. Mais par-delà le thème qui structure l’en- semble, c’est son hétérogénéité qui saute aux yeux, parce qu’elle donne à voir la vie matérielle des images. Cette collection est constituée d’images découpées dans des publications d’époque, certaines en couleurs, d’autres en noir et blanc, des captures d’écran et des photographies numériques imprimées sur du papier photo, des photocopies, des cartes postales, des cartes et des goodies en offset. Certaines sont des objets, d’autres bi-dimensionnelles. Certaines sont des photographies argentiques, d’autres des clichés numériques. Certaines ont été capturées par l’artiste (les photographies prises en 2010 de ce qui reste dans le Queens du site en ruine, devenu le décor récurrent de séries policières et de clips d’amateurs), d’autres ont été trouvées sur le web, certaines sont des captures de séquences vidéos, d’autres des images fixes, parfois scannées. Certaines ont été retouchées, d’autres laissées dans l’état où elles ont été trouvées. Comment les images sont-elles fabriquées ? Éditées ? Diffusées ? Qu’est-ce qui définit leur matérialité ? À quelle image peut-on faire confiance ? Il n’est pas anodin que ces questions soient posées à partir d’un événement qui a été l’objet de reproductions massives.
Pour la Salle de bains, Nicolas Garait-Leavenworth a réalisé un film, un accrochage (un mur d’images sélectionnées dans sa collection) et il publie sous forme de livre un texte reposant lui aussi sur le principe du montage (l’exposition et le texte fonctionnent ensemble, ce dernier contenant les légendes des images les plus significatives de l’exposition). Il est difficile d’identifier précisément la nature de ce montage. Ce n’est pas une time capsule, car certaines images sont contemporaines. Il ne s’agit pas davantage d’une archive, car il n’y a ni système de classement, ni principe strict de collection, et car rien n’est fait pour permettre de distinguer les documents d’époque des fac-similés et des reproductions. Ce n’est pas non plus une Mnémosyne ¹, parce que ces images empruntent non seulement à l’art, mais à la culture au sens large, et que les liens tracés entre elles ne sont pas toujours formels ou thématiques mais aussi subjectifs. Le texte n’a d’ailleurs pas plus fonction documentaire que l’accrochage. Il s’agit d’un essai littéraire, tissé d’allusions pop et d’emprunts divers (des posts de Bradley Manning ², des passages de Cormac McCarthy, Joan Didion, Georges Pérec) des dialogues de films, des prospectus officiels de la foire et de ses multiples pavillons, des slogans publicitaires, des paroles prononcées par des personnages historiques, des citations des premiers James Bond, de The Hours, Loin du paradis, ou une biographie de Jean Seberg…). Ce texte poétique n’a pas prétention à se substituer à la littérature historique sur la foire, et il n’emprunte pas leur méthodologie aux études culturelles : la New York World’s Fair intéresse l’artiste pour sa capacité à générer des images et du texte, et à être, en somme, l’objet d’appropriations de toutes sortes. On peut donc envisager ce projet comme un essai de politique culturelle, une tentative – enthousiaste et acharnée – d’appropriation personnelle d’un événement historique et de matériaux culturels accessibles à tous.
Les années 1960 aux USA sont l’époque où l’image triomphe, et où la culture de masse acquière une position économique dominante. Nicolas Garait-Leavenworth ne travaille justement qu’à partir de matériaux trouvés dans la culture pop, à savoir des magazines à grands tirages, des séries TV, des produits dérivés de toutes sortes, des films, des séquences ou des photographies qui ont fait l’objet d’une immense médiatisation et d’une intense reproduction. L’exposition joue ainsi de manière maximale sur les possibilités de circulation et de manipulation des images. Il s’agit d’un travail d’édition au sens anglais du terme, une série d’opérations de recherche, de production, de reproduction, de montage, et de redistribution. Mais alors qu’il a pour source un événement datant de presque un demi-siècle, Understanding through Peace porte la marque de la culture du Web. D’abord parce que cette collection se constitue en partie de matériaux trouvés dans cette vaste archive populaire avant d’être rematérialisés par l’impression. Ensuite parce que l’artiste utilise Internet comme un outil d’appropriation de la culture, lui permettant de trouver et d’acquérir des images, des films, des magazines, et tous les mirabilia qui peuplent sa collection. Et enfin parce que ce mur d’« images sans parole ³ » ressemble furieusement à une version préhistorique des Tumblr.
Jill Gasparina
La New York World’s Fair attire entre 1964 et 1965 près des 52 millions de spectateurs. Ouverte dans le Queens quelques mois seulement après l’assassinat à Dallas de John F. Kennedy, elle offre à une foule massive de visiteurs l’expérience réconfortante mais mensongère d’un monde d’innovation, de confort, et de progrès. Le projet au long cours Understanding through Peace de Nicolas Garait-Leavenworth emprunte son titre à la devise de cette fameuse exposition. L’artiste a constitué au fil du temps une vaste collection d’images liées plus ou moins directement à cette foire historique. Sa collection est en constante expansion et il l’active régulièrement sous la forme d’accrochages, de vidéos, de textes ou de performances. Peu à peu, l’exploration en images de cet événement a pris de l’ampleur et s’est transformée en enquête visuelle sur une époque. La collection se constitue ainsi de documents minutieusement recueillis, mais également de fictions et de mythologies.
Cette foire, qui se déroule en pleine période de bouleversement politique et de redéfinition des identités raciales, sexuelles et culturelles aux USA, est une sorte d’abri passéiste qui permet aux spectateurs de se réfugier dans les ruines de l’American Dream et dans ses rêves de prospérité. C’est cette nature paradoxale qui l’intéresse en premier lieu : il envisage la foire de 1964 comme une allégorie des espérances déçues et du gouffre entre les promesses officielles et la réalité, une allégorie qui semble valoir encore pour notre époque. Mais par-delà le thème qui structure l’en- semble, c’est son hétérogénéité qui saute aux yeux, parce qu’elle donne à voir la vie matérielle des images. Cette collection est constituée d’images découpées dans des publications d’époque, certaines en couleurs, d’autres en noir et blanc, des captures d’écran et des photographies numériques imprimées sur du papier photo, des photocopies, des cartes postales, des cartes et des goodies en offset. Certaines sont des objets, d’autres bi-dimensionnelles. Certaines sont des photographies argentiques, d’autres des clichés numériques. Certaines ont été capturées par l’artiste (les photographies prises en 2010 de ce qui reste dans le Queens du site en ruine, devenu le décor récurrent de séries policières et de clips d’amateurs), d’autres ont été trouvées sur le web, certaines sont des captures de séquences vidéos, d’autres des images fixes, parfois scannées. Certaines ont été retouchées, d’autres laissées dans l’état où elles ont été trouvées. Comment les images sont-elles fabriquées ? Éditées ? Diffusées ? Qu’est-ce qui définit leur matérialité ? À quelle image peut-on faire confiance ? Il n’est pas anodin que ces questions soient posées à partir d’un événement qui a été l’objet de reproductions massives.
Pour la Salle de bains, Nicolas Garait-Leavenworth a réalisé un film, un accrochage (un mur d’images sélectionnées dans sa collection) et il publie sous forme de livre un texte reposant lui aussi sur le principe du montage (l’exposition et le texte fonctionnent ensemble, ce dernier contenant les légendes des images les plus significatives de l’exposition). Il est difficile d’identifier précisément la nature de ce montage. Ce n’est pas une time capsule, car certaines images sont contemporaines. Il ne s’agit pas davantage d’une archive, car il n’y a ni système de classement, ni principe strict de collection, et car rien n’est fait pour permettre de distinguer les documents d’époque des fac-similés et des reproductions. Ce n’est pas non plus une Mnémosyne ¹, parce que ces images empruntent non seulement à l’art, mais à la culture au sens large, et que les liens tracés entre elles ne sont pas toujours formels ou thématiques mais aussi subjectifs. Le texte n’a d’ailleurs pas plus fonction documentaire que l’accrochage. Il s’agit d’un essai littéraire, tissé d’allusions pop et d’emprunts divers (des posts de Bradley Manning ², des passages de Cormac McCarthy, Joan Didion, Georges Pérec) des dialogues de films, des prospectus officiels de la foire et de ses multiples pavillons, des slogans publicitaires, des paroles prononcées par des personnages historiques, des citations des premiers James Bond, de The Hours, Loin du paradis, ou une biographie de Jean Seberg…). Ce texte poétique n’a pas prétention à se substituer à la littérature historique sur la foire, et il n’emprunte pas leur méthodologie aux études culturelles : la New York World’s Fair intéresse l’artiste pour sa capacité à générer des images et du texte, et à être, en somme, l’objet d’appropriations de toutes sortes. On peut donc envisager ce projet comme un essai de politique culturelle, une tentative – enthousiaste et acharnée – d’appropriation personnelle d’un événement historique et de matériaux culturels accessibles à tous.
Les années 1960 aux USA sont l’époque où l’image triomphe, et où la culture de masse acquière une position économique dominante. Nicolas Garait-Leavenworth ne travaille justement qu’à partir de matériaux trouvés dans la culture pop, à savoir des magazines à grands tirages, des séries TV, des produits dérivés de toutes sortes, des films, des séquences ou des photographies qui ont fait l’objet d’une immense médiatisation et d’une intense reproduction. L’exposition joue ainsi de manière maximale sur les possibilités de circulation et de manipulation des images. Il s’agit d’un travail d’édition au sens anglais du terme, une série d’opérations de recherche, de production, de reproduction, de montage, et de redistribution. Mais alors qu’il a pour source un événement datant de presque un demi-siècle, Understanding through Peace porte la marque de la culture du Web. D’abord parce que cette collection se constitue en partie de matériaux trouvés dans cette vaste archive populaire avant d’être rematérialisés par l’impression. Ensuite parce que l’artiste utilise Internet comme un outil d’appropriation de la culture, lui permettant de trouver et d’acquérir des images, des films, des magazines, et tous les mirabilia qui peuplent sa collection. Et enfin parce que ce mur d’« images sans parole ³ » ressemble furieusement à une version préhistorique des Tumblr.
Jill Gasparina
The year 2011 saw the conclusive triumph of Mad Men. The TV miniseries The Kennedys failed miserably, while the Âge tendre et tête de bois (1) tour was even more successful than in previous years. Fashion editors repeatedly urged their readers to wear bright colours, flattering midi skirts and broad strokes of eyeliner – and Beatlemania is still going strong. Apart from vintage fashion and retro trends so frequently used in marketing campaigns, it could be that the year 1964 is an excellent mirror in which to view the cultural and political challenges of our times.
Between 1964 and 1965, the New York World's Fair attracted nearly 52 million visitors. Held in Queens, just months after the assassination of John F. Kennedy in Dallas, it offered a massive crowd the chance to experience a deceptively safe world of innovation, comfort and progress. Nicolas Garait-Leavenworth’s long-term project Understanding through Peace borrows its title (by inverting it) from the theme of this famous exhibition – ‘Peace through Understanding.’ Over the last few years, the artist has been gathering a large collection of images that are, in one way or another, directly related to this historic world’s fair. His collection is constantly expanding, and he regularly updates it in the form of installations, video projections, texts or performances. Gradually, his image-based exploration of this event has grown and evolved into a visual survey of a specific period. His collection is now a painstaking compilation of various documents, which also includes works of fiction and mythology.
The New York World’s Fair 1964, which took place during a period of political upheaval and redefinition of racial, sexual and cultural identities in the United States, was a kind of nostalgic haven that allowed spectators to take refuge in what was left of the American Dream and its utopia of widespread prosperity. It is this paradoxical nature that interests Nicolas Garait-Leavenworth in the first place: he sees the 1964 Fair as an allegory of unfulfilled expectations and the gap between official promises and actual reality, a juxtaposition that still seems relevant today. But beyond the theme that structures the project as a whole, it is wilfully heterogeneous in nature, if only because it reveals the material life of images. Garait-Leavenworth’s collection consists of images cut from vintage publications – some in colour, others in black and white –; film and TV show screen shots, digital photographs printed on photographic paper, photocopies, vintage postcards, old maps, and many other goodies. Some are objects, others are simple pictures. Some are old photos, others are digital snapshots. Some were captured by the artist (e.g. photographs taken in 2010 of what remains of the site in Queens; now a recurring setting for cop shows and hip hop videos), others were found on the Internet. Some have been scanned and retouched, others were left in the state in which they were found. How are images made? Edited? Disseminated? What defines their materiality? What images can one trust? It is significant that these issues are raised through the exploration of an event that was – and still is – the subject of massive reproduction and dissemination.
For La Salle de Bains Gallery, Nicolas-Garait Leavenworth created a film and an installation (a wall of images selected from his collection), along with a book whose text is also based on the principle of editing (the exhibition and the text are inextricably entwined, the latter containing captions for the most significant pictures of the exhibition). The precise nature of the work is intentionally difficult to define. It is not a time capsule, as some images are contemporary. It is not an archive either, since there is no visible ranking system or principle, and because nothing is done to help distinguish the contemporary documents from facsimile reproductions. It is not another Mnemosyne (2), because these images borrow not only from art but the cultural field at large, and the links between them are not always formal or thematic; they can also be subjective. Moreover, the text has no more of a documentary function than the images. Half-way between an essay and a literary mash-up, Garait-Leavenworth’s text is strewn with pop allusions and other borrowings (Bradley Manning’s posts (3), extracts from Cormac McCarthy, Joan Didion and Georges Pérec’s most famous books, to name but a few), film dialogues,official Fair leaflets, advertising slogans, speeches by historical figures, scenes from early James Bond films, The Hours, Far from Heaven, a biography of Jean Seberg…). This poetic text does not attempt to replace the existing historical literature on the Fair, and does not borrow its methodology from cultural studies either: the New York World's Fair is of interest to the artist due to the prodigious quantity of images and text it has generated (and continues to generate); in short, its potential to be the subject of appropriations of all kinds. One can therefore consider this project as a cultural politics essay, an enthusiastic and fierce personal interpretation of a historical and cultural resource which is accessible to all.
The 1960s, at least in the United States, were the days when mass culture acquired a dominant economic position. Nicolas Garait-Leavenworth is thus working from materials found in pop culture, namely the mass-circulation magazines, TV shows, spin-offs of all kinds, films, movies or photographs that were the subject of massive media coverage and intense reproduction. The exhibition emphasizes the possibilities of movement and manipulation of images to an extreme degree. This is an editing job – in the English sense of the term; a series of research, production, reproduction, assembly, and redistribution operations. But while its source is an event that took place almost half a century ago, Understanding Through Peace bears the fingerprints of Internet culture. First, because the collection that is its most succinct expression is in part made up from materials found in this vast, popular archive which were then re-materialized in myriad different ways. Secondly, because the artist uses the Internet as a tool for cultural appropriation that allows him to find and acquire images, movies, magazines, and all the memorabilia featured in his collection. And finally, because this wall of ‘speechless images’ looks strikingly like a prehistoric version of tumblr.
Jill Gasparina
Between 1964 and 1965, the New York World's Fair attracted nearly 52 million visitors. Held in Queens, just months after the assassination of John F. Kennedy in Dallas, it offered a massive crowd the chance to experience a deceptively safe world of innovation, comfort and progress. Nicolas Garait-Leavenworth’s long-term project Understanding through Peace borrows its title (by inverting it) from the theme of this famous exhibition – ‘Peace through Understanding.’ Over the last few years, the artist has been gathering a large collection of images that are, in one way or another, directly related to this historic world’s fair. His collection is constantly expanding, and he regularly updates it in the form of installations, video projections, texts or performances. Gradually, his image-based exploration of this event has grown and evolved into a visual survey of a specific period. His collection is now a painstaking compilation of various documents, which also includes works of fiction and mythology.
The New York World’s Fair 1964, which took place during a period of political upheaval and redefinition of racial, sexual and cultural identities in the United States, was a kind of nostalgic haven that allowed spectators to take refuge in what was left of the American Dream and its utopia of widespread prosperity. It is this paradoxical nature that interests Nicolas Garait-Leavenworth in the first place: he sees the 1964 Fair as an allegory of unfulfilled expectations and the gap between official promises and actual reality, a juxtaposition that still seems relevant today. But beyond the theme that structures the project as a whole, it is wilfully heterogeneous in nature, if only because it reveals the material life of images. Garait-Leavenworth’s collection consists of images cut from vintage publications – some in colour, others in black and white –; film and TV show screen shots, digital photographs printed on photographic paper, photocopies, vintage postcards, old maps, and many other goodies. Some are objects, others are simple pictures. Some are old photos, others are digital snapshots. Some were captured by the artist (e.g. photographs taken in 2010 of what remains of the site in Queens; now a recurring setting for cop shows and hip hop videos), others were found on the Internet. Some have been scanned and retouched, others were left in the state in which they were found. How are images made? Edited? Disseminated? What defines their materiality? What images can one trust? It is significant that these issues are raised through the exploration of an event that was – and still is – the subject of massive reproduction and dissemination.
For La Salle de Bains Gallery, Nicolas-Garait Leavenworth created a film and an installation (a wall of images selected from his collection), along with a book whose text is also based on the principle of editing (the exhibition and the text are inextricably entwined, the latter containing captions for the most significant pictures of the exhibition). The precise nature of the work is intentionally difficult to define. It is not a time capsule, as some images are contemporary. It is not an archive either, since there is no visible ranking system or principle, and because nothing is done to help distinguish the contemporary documents from facsimile reproductions. It is not another Mnemosyne (2), because these images borrow not only from art but the cultural field at large, and the links between them are not always formal or thematic; they can also be subjective. Moreover, the text has no more of a documentary function than the images. Half-way between an essay and a literary mash-up, Garait-Leavenworth’s text is strewn with pop allusions and other borrowings (Bradley Manning’s posts (3), extracts from Cormac McCarthy, Joan Didion and Georges Pérec’s most famous books, to name but a few), film dialogues,official Fair leaflets, advertising slogans, speeches by historical figures, scenes from early James Bond films, The Hours, Far from Heaven, a biography of Jean Seberg…). This poetic text does not attempt to replace the existing historical literature on the Fair, and does not borrow its methodology from cultural studies either: the New York World's Fair is of interest to the artist due to the prodigious quantity of images and text it has generated (and continues to generate); in short, its potential to be the subject of appropriations of all kinds. One can therefore consider this project as a cultural politics essay, an enthusiastic and fierce personal interpretation of a historical and cultural resource which is accessible to all.
The 1960s, at least in the United States, were the days when mass culture acquired a dominant economic position. Nicolas Garait-Leavenworth is thus working from materials found in pop culture, namely the mass-circulation magazines, TV shows, spin-offs of all kinds, films, movies or photographs that were the subject of massive media coverage and intense reproduction. The exhibition emphasizes the possibilities of movement and manipulation of images to an extreme degree. This is an editing job – in the English sense of the term; a series of research, production, reproduction, assembly, and redistribution operations. But while its source is an event that took place almost half a century ago, Understanding Through Peace bears the fingerprints of Internet culture. First, because the collection that is its most succinct expression is in part made up from materials found in this vast, popular archive which were then re-materialized in myriad different ways. Secondly, because the artist uses the Internet as a tool for cultural appropriation that allows him to find and acquire images, movies, magazines, and all the memorabilia featured in his collection. And finally, because this wall of ‘speechless images’ looks strikingly like a prehistoric version of tumblr.
Jill Gasparina
(1).La Mnémosyne est le nom d’un projet inachevé d’une histoire de l’art par les images, développé entre 1924 et 1929 par l’historien de l’art allemand Aby Warburg. La Mnémosyne prenait la forme d’un grand atlas d’images, épinglées sur des panneaux tendus de tissus noirs. Les associations purement visuelles entre les reproductions d’œuvres d’art, les coupures de journaux, et les publicités visaient à mettre en évidence les survivances de formes antiques dans l’histoire de l’art.
(2).Bradley Manning est un militaire américain, accusé en 2010 d’être responsable d’une fuite de grande ampleur de documents militaires classés secret, diffusés sur Wikileaks. Il est actuellement en détention, en attente de jugement.
(3).http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2007/11/25/564-les-nouvelles-oeuvres-du-web
(2).Bradley Manning est un militaire américain, accusé en 2010 d’être responsable d’une fuite de grande ampleur de documents militaires classés secret, diffusés sur Wikileaks. Il est actuellement en détention, en attente de jugement.
(3).http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2007/11/25/564-les-nouvelles-oeuvres-du-web
(1)."Âge tendre et tête de bois” (Tender Age and Wooden Head) was a youth targeted TV variety show, which ran between 1961 and 1966 and is now on tour in France, Belgium and Switzerland, featuring famous musicians and artists from the ’60s and ’70s.
(2).The Mnemosyne is the name of an unfinished art history project based on images and developed between 1924 and 1929 by the German art historian Aby Warburg. The Mnemosyne took the form of a large atlas of images, pinned to panels hung with black cloth. The associations between the purely visual reproductions of artworks, newspaper clippings and advertisements were designed to highlight the vestiges of ancient forms from art history.
(3).Bradley Manning is a United States Army soldier who was arrested in May 2010 in Iraq on suspicion of having passed restricted material to the website WikiLeaks. He was found fit to face court martial in April 2011, and currently awaits his first hearing.
(2).The Mnemosyne is the name of an unfinished art history project based on images and developed between 1924 and 1929 by the German art historian Aby Warburg. The Mnemosyne took the form of a large atlas of images, pinned to panels hung with black cloth. The associations between the purely visual reproductions of artworks, newspaper clippings and advertisements were designed to highlight the vestiges of ancient forms from art history.
(3).Bradley Manning is a United States Army soldier who was arrested in May 2010 in Iraq on suspicion of having passed restricted material to the website WikiLeaks. He was found fit to face court martial in April 2011, and currently awaits his first hearing.

Understanding Through Peace, 2011
carton d'invitation
Nicolas Garait-Leavenworth, né en 1978 (France),
vit et travaille à Lyon, représenté par Cortex Athletico.
vit et travaille à Lyon, représenté par Cortex Athletico.
Nicolas Garait-Leavenworth, né en 1978 (France),
vit et travaille à Lyon, représenté par Cortex Athletico.
vit et travaille à Lyon, représenté par Cortex Athletico.
The Nun and The Architect, performance de Nicolas Garait- Leavenworth, le jeudi 6 octobre à 20h.
The Nun and The Architect, performance de Nicolas Garait- Leavenworth, le jeudi 6 octobre à 20h.
La Salle de bains reçoit le soutien du Ministère de la Culture DRAC Auvergne-Rhône-Alpes,
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.