
Florence Jung - salle 1, 2 et 3
Du 12 octobre au 17 novembre 2018From 12 October to 17 November 2018
Si vous avez aperçu dans les rues de Lyon des affiches annonçant l’exposition de Florence Jung, vous avez eu de la chance : comme à chaque veille de vernissage à la Salle de bains, elles sont apparues pendant une vingtaine de minutes sur les panneaux d’affichage public, avant d’être recouvertes par une autre publicité pour un concert de harpe celtique ou un spectacle son et lumière. Elles comportaient en lettres capitales un message signé de la direction artistique assurant : « l’exposition de Florence Jung aura lieu malgré tout ». Déjà une manière de semer le trouble en convoquant une parfaite évidence, et de pervertir un espace médiatique en y diffusant le message le plus immédiat. Comme cette affiche, la plupart des éléments qui composent l’exposition de Florence Jung sont réduits à leur fonction minimale et première : pour commencer, l’annonce fait une annonce – où l’autorité des responsables se manifeste à la manière de ces signatures anonymes qui créditent les messages de vigilance adressés aux usagers des parties communes.
Bien sûr, cette formulation (« malgré tout ») suppose des obstacles, du moins des péripéties qui risqueraient de différer l’expérience de l’œuvre qu’assure le cadre de l’exposition. Tout cela est vrai, aussi. D’ailleurs, et il convient de le savoir en préambule de cette exposition, l’œuvre de Florence Jung peut parfois tendre des pièges mais n’use jamais du mensonge et n’a recours à aucun artifice ou presque ; même son élevage clandestin de poulets de Bresse dans une ferme en Lorraine respectait scrupuleusement les normes AOC (Jung44), quant à la Rolex illégalement importée en Suisse et portée par un commissaire le temps d’une exposition, il a toujours été dit qu’elle était fausse (Jung34). Tout cela n’empêche pas les malentendus, les rendez-vous manqués ou les retours à l’envoyeur, ni de décevoir les attentes des regardeurs, sujet principal du travail de Florence Jung. Ceux qui se sont dit prêts à tout pour faire l’expérience de son œuvre ont été kidnappés un soir de vernissage à Paris et relâchés 500 km plus loin (Jung/Scheidegger). La preuve de la ferveur des attentes à l’endroit de l’art est qu’un seul d’entre eux a tenté de s’enfuir. Les visiteurs de la Salle de bains ne sont pas exposés à de telles aventures, cependant, la tournure du scénario préalablement écrit par l’artiste reposera, comme souvent, sur une décision à prendre et la confiance en la promesse de l’art : « l’exposition de Florence Jung aura lieu malgré tout ».
Il faut dire que les scénari qui consistent à changer de programme s’appliquent souvent et en premier lieu aux responsables et aux structures qui accueillent le travail de l’artiste, d’où la précaution de leur faire porter le chapeau sur un document signé sans avoir besoin de jouer quelconque dissimulation du nom de l’auteur. Ainsi le format de l’exposition en trois salles successives se présente-t-il avec Florence Jung dans une version convertible (façon BZ), tandis que d’autres éléments reconnaissables de la Salle de bains ont été substitués. Cela se passe bien au 1 rue Louis Vitet où il semblera à certains qu’ils sont encore tombés dans une de ces expositions vides. Les œuvres de Florence Jung nous mène à la rencontre d’interfaces et d’entremetteurs de l’œuvre auxquels il s’agit de prêter attention. Elles ne sont pas vides mais pleines d’absences et de choses qui manquent, de pages blanches et de portes fermées au seuil desquelles tout peut arriver, d’images et d’histoires qui se différencient parfois de l’ordinaire dans un effet de révélation qui arrive une fois que l’œuvre a déjà eu lieu.
Bien sûr, cette formulation (« malgré tout ») suppose des obstacles, du moins des péripéties qui risqueraient de différer l’expérience de l’œuvre qu’assure le cadre de l’exposition. Tout cela est vrai, aussi. D’ailleurs, et il convient de le savoir en préambule de cette exposition, l’œuvre de Florence Jung peut parfois tendre des pièges mais n’use jamais du mensonge et n’a recours à aucun artifice ou presque ; même son élevage clandestin de poulets de Bresse dans une ferme en Lorraine respectait scrupuleusement les normes AOC (Jung44), quant à la Rolex illégalement importée en Suisse et portée par un commissaire le temps d’une exposition, il a toujours été dit qu’elle était fausse (Jung34). Tout cela n’empêche pas les malentendus, les rendez-vous manqués ou les retours à l’envoyeur, ni de décevoir les attentes des regardeurs, sujet principal du travail de Florence Jung. Ceux qui se sont dit prêts à tout pour faire l’expérience de son œuvre ont été kidnappés un soir de vernissage à Paris et relâchés 500 km plus loin (Jung/Scheidegger). La preuve de la ferveur des attentes à l’endroit de l’art est qu’un seul d’entre eux a tenté de s’enfuir. Les visiteurs de la Salle de bains ne sont pas exposés à de telles aventures, cependant, la tournure du scénario préalablement écrit par l’artiste reposera, comme souvent, sur une décision à prendre et la confiance en la promesse de l’art : « l’exposition de Florence Jung aura lieu malgré tout ».
Il faut dire que les scénari qui consistent à changer de programme s’appliquent souvent et en premier lieu aux responsables et aux structures qui accueillent le travail de l’artiste, d’où la précaution de leur faire porter le chapeau sur un document signé sans avoir besoin de jouer quelconque dissimulation du nom de l’auteur. Ainsi le format de l’exposition en trois salles successives se présente-t-il avec Florence Jung dans une version convertible (façon BZ), tandis que d’autres éléments reconnaissables de la Salle de bains ont été substitués. Cela se passe bien au 1 rue Louis Vitet où il semblera à certains qu’ils sont encore tombés dans une de ces expositions vides. Les œuvres de Florence Jung nous mène à la rencontre d’interfaces et d’entremetteurs de l’œuvre auxquels il s’agit de prêter attention. Elles ne sont pas vides mais pleines d’absences et de choses qui manquent, de pages blanches et de portes fermées au seuil desquelles tout peut arriver, d’images et d’histoires qui se différencient parfois de l’ordinaire dans un effet de révélation qui arrive une fois que l’œuvre a déjà eu lieu.
If you’ve seen in the streets of Lyon posters announcing a Florence Jung exhibition, consider yourself lucky. As on the eve of every show opening at La Salle de bains, the posters appeared for twenty minutes or so on public billboards before being covered over by another advertisement for a Celtic harp concert or a sound-and-light show. They included in all caps a message signed by the gallery’s art direction asserting that “the Florence Jung exhibition will take place all the same.” Here’s a way of making trouble then by summoning an obvious fact and perverting a media space by spreading there the most direct message. Like the poster in question, most of the elements comprising the Jung exhibition have been reduced to their minimal initial function. To start with, the official announcement announces something – in which the authority of those in charge is openly displayed, like those anonymous signatures justifying announcements addressed to users of public areas telling them they should be vigilant, stay alert, use caution.
Of course, the above phrase (“all the same”) presupposes obstacles, at least twists and turns that could delay the experience of the art which the exhibition framework guarantees. That is all true as well. Moreover – and it is worth knowing this as a prelude to the show – Jung’s work can sometimes lay traps for us but never employs lies and makes no use of tricks, or almost never does; even the unlawful raising of Bresse chickens (France’s finest) on a farm in Lorraine scrupulously respected AOC norms (Jung44), and as for that Rolex illegally imported from Switzerland and worn by a curator for the run of one exhibition, it was never a secret that the watch was a fake (Jung34). All of that, however, doesn’t prevent misunderstandings from happening, appointments from being missed, or things from being returned to their sender; nor does it stop viewer’s expectations from being disappointed, the main subject of Jung’s art. Those who said they were ready for anything in order to experience her work were kidnapped the very evening one of her shows opened in Paris and were finally released 500 km away from the venue (Jung/Scheidegger). Proof of the fervor of the expectations that art raises, only one of their number tried to flee. Visitors to La Salle de bains aren’t exposed to such adventures, but the shape of the storyline drawn up beforehand by the artist will rest, as is often the case, on a decision to be made and the trust you place in the promise of art: “The Florence Jung exhibition will take place all the same.”
Granted, storylines that involve changing the program apply first and foremost to the venues and the venue directors that play host to artist’s work. Hence the precaution of getting them to carry the can, take the blame, in a signed document, without the need to come up with any dissimulation whatsoever around the artist’s name. Thus, the format of the show, in three succeeding rooms, presents Florence Jung in a convertible version (like a sofa-bed), whereas other recognizable elements of La Salle de bains have been replaced. That is indeed what’s going on at 1 rue Louis Vitet, where some will think they’ve stumbled once again into one of those empty exhibitions. Jung’s pieces lead us to an encounter with interfaces and intermediaries of the body of work which we are to focus on. They are not empty but rather full of absences and things that are lacking, blank pages and closed doors on the threshold of which anything can happen, images and stories that occasionally stand apart from the ordinary through an ah-ha effect that occurs once the work itself has already taken place.
Of course, the above phrase (“all the same”) presupposes obstacles, at least twists and turns that could delay the experience of the art which the exhibition framework guarantees. That is all true as well. Moreover – and it is worth knowing this as a prelude to the show – Jung’s work can sometimes lay traps for us but never employs lies and makes no use of tricks, or almost never does; even the unlawful raising of Bresse chickens (France’s finest) on a farm in Lorraine scrupulously respected AOC norms (Jung44), and as for that Rolex illegally imported from Switzerland and worn by a curator for the run of one exhibition, it was never a secret that the watch was a fake (Jung34). All of that, however, doesn’t prevent misunderstandings from happening, appointments from being missed, or things from being returned to their sender; nor does it stop viewer’s expectations from being disappointed, the main subject of Jung’s art. Those who said they were ready for anything in order to experience her work were kidnapped the very evening one of her shows opened in Paris and were finally released 500 km away from the venue (Jung/Scheidegger). Proof of the fervor of the expectations that art raises, only one of their number tried to flee. Visitors to La Salle de bains aren’t exposed to such adventures, but the shape of the storyline drawn up beforehand by the artist will rest, as is often the case, on a decision to be made and the trust you place in the promise of art: “The Florence Jung exhibition will take place all the same.”
Granted, storylines that involve changing the program apply first and foremost to the venues and the venue directors that play host to artist’s work. Hence the precaution of getting them to carry the can, take the blame, in a signed document, without the need to come up with any dissimulation whatsoever around the artist’s name. Thus, the format of the show, in three succeeding rooms, presents Florence Jung in a convertible version (like a sofa-bed), whereas other recognizable elements of La Salle de bains have been replaced. That is indeed what’s going on at 1 rue Louis Vitet, where some will think they’ve stumbled once again into one of those empty exhibitions. Jung’s pieces lead us to an encounter with interfaces and intermediaries of the body of work which we are to focus on. They are not empty but rather full of absences and things that are lacking, blank pages and closed doors on the threshold of which anything can happen, images and stories that occasionally stand apart from the ordinary through an ah-ha effect that occurs once the work itself has already taken place.
Ce texte est disponible le jour du vernissage, tandis que l'exposition, elle, est fermée. Aucun récit ni aucune image autorisées ne constituent la documentation du travail de Florence Jung, il n'est médiatisé que par la rumeur.
This text is available on the day of the opening, while the exhibition is closed. Florence Jung's work is not documented by narratives or authorized images, it's only publicized through rumors only by rumors.
translation: John O'Toole
translation: John O'Toole
Liste des œuvres :
List of works :
salle 1 : Jung55, 2017
salle 2 : Jung63, 2018
salle 3 : Jung64, 2018
salle 2 : Jung63, 2018
salle 3 : Jung64, 2018
salle 1 : Jung55, 2017
salle 2 : Jung63, 2018
salle 3 : Jung64, 2018
salle 2 : Jung63, 2018
salle 3 : Jung64, 2018

Florence Jung - salle 1, 2 et 3, 2018
Affiche
Florence Jung (1986) vit à Amsterdam, où elle est en résidence à la Rijksakademie van beeldende kunsten. Diplomée de l’ECAL (Lausanne), elle a depuis 2012 participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives, en Europe et dans le monde (mais pas nécessairement rendues visibles et pas toujours sous son nom), notamment au Kunstverein de Bielefeld, au Centre Culturel Suisse de Paris, à la biennale de Bregenz ou à Forde à Genève.
Il n’existe ni image, ni récit officiel du travail de Florence Jung : sa médiatisation est prise en charge, plus ou moins malgré elle·eux, par celle·eux qui en colportent la rumeur modelée par des versions personnelles des faits, variables voire contradictoires.
Il n’existe ni image, ni récit officiel du travail de Florence Jung : sa médiatisation est prise en charge, plus ou moins malgré elle·eux, par celle·eux qui en colportent la rumeur modelée par des versions personnelles des faits, variables voire contradictoires.
Florence Jung (1986) lives and works in Amsterdam, where she is currently an artist-in-resident at the Rijksakademie van beeldende kunsten. A graduate of ECAL (Lausanne), she has taken part in numerous solo and group shows since 2012, in Europe and around the world (though not necessarily visibly and not always under her own name), notably at the Kunstverein of Bielefeld, the Swiss Cultural Center of Paris, the Bregenz Biennial, and Ford in Geneva.
There exists neither an image nor an official narrative of Florence Jung’s work. Media coverage is taken care of (more or less despite themselves) by those who help to spread the rumor fashioned by personal versions of the facts, which vary and even contradict one another.
There exists neither an image nor an official narrative of Florence Jung’s work. Media coverage is taken care of (more or less despite themselves) by those who help to spread the rumor fashioned by personal versions of the facts, which vary and even contradict one another.
La Salle de bains reçoit le soutien du Ministère de la Culture DRAC Auvergne-Rhône-Alpes,
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
La Salle de bains remercie chaleureusement tous les participant·e·s, intérimaires, habitant·e·s, commerçant·e·s, prêteur•euse·s, performeur·euse·s qui ont rendu possible ce projet.
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
La Salle de bains remercie chaleureusement tous les participant·e·s, intérimaires, habitant·e·s, commerçant·e·s, prêteur•euse·s, performeur·euse·s qui ont rendu possible ce projet.


