



Photos : © La Salle de bains
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Supernaturel
Du 16 septembre au 15 novembre 2003From 16 September to 15 November 2003
Chassez le supernaturel, il superrevient au pas (nature d’agrément, apocryphe jardinet, courette des miracles et divers correctifs). Le jardin pointe l’arrogance de toute une espèce. On a gagné. Le gazon prouve cette victoire. La tondeuse la mitige. Le désherbant l’édulcore. Mais on a gagné, nom de dieu !
Côté jardin. Météore accoutré comme un monolithe, forteresse sans sas, tension minérale de jardin zen, volumétrie palpable. Discerner le tempo précis du roc, aller à sa rencontre, éprouver le revêtement et la souplesse du machin. S’asseoir, s’accouder, s’adosser, s’accoter, glisser le doigt, le tact, toucher pannacotta, pas n’importe où...
Côté cour. Salade d’anguilles creuses, élastomère ! comme aurait dit Albert Camus, dentelles décalées, listes de lianes, fi let de bave et d’éternité (non-traité), treille élastiquée, hamac à la verticale, toile des araignées qui marchent debout pour les mouches du cardinal. Entre ici, entrelacs, avec ton terrible cortège... Nous, on noue.
Les cailloux sont à l’aise un peu partout. Vrai. De très grands cailloux, par exemple, sont à l’aise très facilement dans des lieux très petits ou pas conçus pour eux, malcommodes, ou même sous un éclairage peu fl atteur pour leur minéralité ou seuls au milieu de gens d’autres conditions (végétaux, ou animaux).
L’iceberg est une question de foi. Vrai. Vous déclarez « mes neuf dixièmes sont immergés » ? Dois-je vous croire sur parole ? Ne dites-vous pas cela carrément pour me séduire ou m’estourbir ? Il existait bel et bien, autrefois, des preuves irréfutables de vos neuf dixièmes sous la ligne de fl ottaison, mais elles ont toutes fondu. On s’en remettra donc, aujourd’hui, aux dits des excursionnistes sur les légendes de la banquise.
Le rocher ramène toujours son propre socle. Vrai. Question d’harmonie de l’ensemble. Au besoin, vous choisirez les rideaux, la tapisserie, le parquet. Mais l’on n’impose pas au sage la couleur de ses émotions ni la position de ses fesses. Le roc est complet.
Personne n’est invincible, prétend la montagne. Faux. Sauf lorsque c’est la falaise qui le dit.
Nos cordes ne s’emmêlent jamais, elles se connaissent trop. Vrai et faux à la fois. Soit elles se connaissent trop, au point de ne plus se sentir et elles s’évitent, dans le désordre. Soit elles n’avouent qu’un quart du désir qui les ligote. Dans les deux cas, le jeu du nœud favorisera les liaisons platoniques. C’est le nœud qui sait tout. Faux. Bien faits, mal faits ou pas faits, les nœuds sont des conventions, ils n’ont pas d’autonomie. Aucun nœud n’est indispensable. Il aurait pu, tout aussi bien, être noué quelques centimètres à côté par un autre scout ou n’importe quel animal un peu digité. « Le fondement du Diable n’est pas tressé que de paille », savent les Incas.
Les bretelles constituent de nos jours un bien mince rempart contre le triomphe de l’individualisme. Vrai. Boostée par les bons résultats de la singularité-marchandise, la séparation a partout vaincu et les bretelles n’y peuvent plus rien, désormais. Les modèles comportementaux qu’elles présentent à nos compréhensions sont gentils, souples, mais guère effi caces, guère profitables, trop coopératifs. La ceinture, toute seule, arrive mieux à faire le tour des besoins d’une époque qui a forci dans son falzar.
Le hamac en réunion dissipe les tensions. Vrai. Comme tout macro-filet, le hamac concentre sur son nom tout un tas de dévers sans nom aux intersections de quoi percole un peu de poésie sans intention, des songeries de farniente et le désir de se balancer désordonnément dans le roulis ou le tangage en rêvassant. Contre le sens commun du maître.
Et toujours, ailleurs, le sable... Vrai.
Maxime Matray, septembre 2003
Côté jardin. Météore accoutré comme un monolithe, forteresse sans sas, tension minérale de jardin zen, volumétrie palpable. Discerner le tempo précis du roc, aller à sa rencontre, éprouver le revêtement et la souplesse du machin. S’asseoir, s’accouder, s’adosser, s’accoter, glisser le doigt, le tact, toucher pannacotta, pas n’importe où...
Côté cour. Salade d’anguilles creuses, élastomère ! comme aurait dit Albert Camus, dentelles décalées, listes de lianes, fi let de bave et d’éternité (non-traité), treille élastiquée, hamac à la verticale, toile des araignées qui marchent debout pour les mouches du cardinal. Entre ici, entrelacs, avec ton terrible cortège... Nous, on noue.
Les cailloux sont à l’aise un peu partout. Vrai. De très grands cailloux, par exemple, sont à l’aise très facilement dans des lieux très petits ou pas conçus pour eux, malcommodes, ou même sous un éclairage peu fl atteur pour leur minéralité ou seuls au milieu de gens d’autres conditions (végétaux, ou animaux).
L’iceberg est une question de foi. Vrai. Vous déclarez « mes neuf dixièmes sont immergés » ? Dois-je vous croire sur parole ? Ne dites-vous pas cela carrément pour me séduire ou m’estourbir ? Il existait bel et bien, autrefois, des preuves irréfutables de vos neuf dixièmes sous la ligne de fl ottaison, mais elles ont toutes fondu. On s’en remettra donc, aujourd’hui, aux dits des excursionnistes sur les légendes de la banquise.
Le rocher ramène toujours son propre socle. Vrai. Question d’harmonie de l’ensemble. Au besoin, vous choisirez les rideaux, la tapisserie, le parquet. Mais l’on n’impose pas au sage la couleur de ses émotions ni la position de ses fesses. Le roc est complet.
Personne n’est invincible, prétend la montagne. Faux. Sauf lorsque c’est la falaise qui le dit.
Nos cordes ne s’emmêlent jamais, elles se connaissent trop. Vrai et faux à la fois. Soit elles se connaissent trop, au point de ne plus se sentir et elles s’évitent, dans le désordre. Soit elles n’avouent qu’un quart du désir qui les ligote. Dans les deux cas, le jeu du nœud favorisera les liaisons platoniques. C’est le nœud qui sait tout. Faux. Bien faits, mal faits ou pas faits, les nœuds sont des conventions, ils n’ont pas d’autonomie. Aucun nœud n’est indispensable. Il aurait pu, tout aussi bien, être noué quelques centimètres à côté par un autre scout ou n’importe quel animal un peu digité. « Le fondement du Diable n’est pas tressé que de paille », savent les Incas.
Les bretelles constituent de nos jours un bien mince rempart contre le triomphe de l’individualisme. Vrai. Boostée par les bons résultats de la singularité-marchandise, la séparation a partout vaincu et les bretelles n’y peuvent plus rien, désormais. Les modèles comportementaux qu’elles présentent à nos compréhensions sont gentils, souples, mais guère effi caces, guère profitables, trop coopératifs. La ceinture, toute seule, arrive mieux à faire le tour des besoins d’une époque qui a forci dans son falzar.
Le hamac en réunion dissipe les tensions. Vrai. Comme tout macro-filet, le hamac concentre sur son nom tout un tas de dévers sans nom aux intersections de quoi percole un peu de poésie sans intention, des songeries de farniente et le désir de se balancer désordonnément dans le roulis ou le tangage en rêvassant. Contre le sens commun du maître.
Et toujours, ailleurs, le sable... Vrai.
Maxime Matray, septembre 2003
Chassez le supernaturel, il superrevient au pas (nature d’agrément, apocryphe jardinet, courette des miracles et divers correctifs). Le jardin pointe l’arrogance de toute une espèce. On a gagné. Le gazon prouve cette victoire. La tondeuse la mitige. Le désherbant l’édulcore. Mais on a gagné, nom de dieu !
Côté jardin. Météore accoutré comme un monolithe, forteresse sans sas, tension minérale de jardin zen, volumétrie palpable. Discerner le tempo précis du roc, aller à sa rencontre, éprouver le revêtement et la souplesse du machin. S’asseoir, s’accouder, s’adosser, s’accoter, glisser le doigt, le tact, toucher pannacotta, pas n’importe où...
Côté cour. Salade d’anguilles creuses, élastomère ! comme aurait dit Albert Camus, dentelles décalées, listes de lianes, fi let de bave et d’éternité (non-traité), treille élastiquée, hamac à la verticale, toile des araignées qui marchent debout pour les mouches du cardinal. Entre ici, entrelacs, avec ton terrible cortège... Nous, on noue.
Les cailloux sont à l’aise un peu partout. Vrai. De très grands cailloux, par exemple, sont à l’aise très facilement dans des lieux très petits ou pas conçus pour eux, malcommodes, ou même sous un éclairage peu fl atteur pour leur minéralité ou seuls au milieu de gens d’autres conditions (végétaux, ou animaux).
L’iceberg est une question de foi. Vrai. Vous déclarez « mes neuf dixièmes sont immergés » ? Dois-je vous croire sur parole ? Ne dites-vous pas cela carrément pour me séduire ou m’estourbir ? Il existait bel et bien, autrefois, des preuves irréfutables de vos neuf dixièmes sous la ligne de fl ottaison, mais elles ont toutes fondu. On s’en remettra donc, aujourd’hui, aux dits des excursionnistes sur les légendes de la banquise.
Le rocher ramène toujours son propre socle. Vrai. Question d’harmonie de l’ensemble. Au besoin, vous choisirez les rideaux, la tapisserie, le parquet. Mais l’on n’impose pas au sage la couleur de ses émotions ni la position de ses fesses. Le roc est complet.
Personne n’est invincible, prétend la montagne. Faux. Sauf lorsque c’est la falaise qui le dit.
Nos cordes ne s’emmêlent jamais, elles se connaissent trop. Vrai et faux à la fois. Soit elles se connaissent trop, au point de ne plus se sentir et elles s’évitent, dans le désordre. Soit elles n’avouent qu’un quart du désir qui les ligote. Dans les deux cas, le jeu du nœud favorisera les liaisons platoniques. C’est le nœud qui sait tout. Faux. Bien faits, mal faits ou pas faits, les nœuds sont des conventions, ils n’ont pas d’autonomie. Aucun nœud n’est indispensable. Il aurait pu, tout aussi bien, être noué quelques centimètres à côté par un autre scout ou n’importe quel animal un peu digité. « Le fondement du Diable n’est pas tressé que de paille », savent les Incas.
Les bretelles constituent de nos jours un bien mince rempart contre le triomphe de l’individualisme. Vrai. Boostée par les bons résultats de la singularité-marchandise, la séparation a partout vaincu et les bretelles n’y peuvent plus rien, désormais. Les modèles comportementaux qu’elles présentent à nos compréhensions sont gentils, souples, mais guère effi caces, guère profitables, trop coopératifs. La ceinture, toute seule, arrive mieux à faire le tour des besoins d’une époque qui a forci dans son falzar.
Le hamac en réunion dissipe les tensions. Vrai. Comme tout macro-filet, le hamac concentre sur son nom tout un tas de dévers sans nom aux intersections de quoi percole un peu de poésie sans intention, des songeries de farniente et le désir de se balancer désordonnément dans le roulis ou le tangage en rêvassant. Contre le sens commun du maître.
Et toujours, ailleurs, le sable... Vrai.
Maxime Matray, septembre 2003
Côté jardin. Météore accoutré comme un monolithe, forteresse sans sas, tension minérale de jardin zen, volumétrie palpable. Discerner le tempo précis du roc, aller à sa rencontre, éprouver le revêtement et la souplesse du machin. S’asseoir, s’accouder, s’adosser, s’accoter, glisser le doigt, le tact, toucher pannacotta, pas n’importe où...
Côté cour. Salade d’anguilles creuses, élastomère ! comme aurait dit Albert Camus, dentelles décalées, listes de lianes, fi let de bave et d’éternité (non-traité), treille élastiquée, hamac à la verticale, toile des araignées qui marchent debout pour les mouches du cardinal. Entre ici, entrelacs, avec ton terrible cortège... Nous, on noue.
Les cailloux sont à l’aise un peu partout. Vrai. De très grands cailloux, par exemple, sont à l’aise très facilement dans des lieux très petits ou pas conçus pour eux, malcommodes, ou même sous un éclairage peu fl atteur pour leur minéralité ou seuls au milieu de gens d’autres conditions (végétaux, ou animaux).
L’iceberg est une question de foi. Vrai. Vous déclarez « mes neuf dixièmes sont immergés » ? Dois-je vous croire sur parole ? Ne dites-vous pas cela carrément pour me séduire ou m’estourbir ? Il existait bel et bien, autrefois, des preuves irréfutables de vos neuf dixièmes sous la ligne de fl ottaison, mais elles ont toutes fondu. On s’en remettra donc, aujourd’hui, aux dits des excursionnistes sur les légendes de la banquise.
Le rocher ramène toujours son propre socle. Vrai. Question d’harmonie de l’ensemble. Au besoin, vous choisirez les rideaux, la tapisserie, le parquet. Mais l’on n’impose pas au sage la couleur de ses émotions ni la position de ses fesses. Le roc est complet.
Personne n’est invincible, prétend la montagne. Faux. Sauf lorsque c’est la falaise qui le dit.
Nos cordes ne s’emmêlent jamais, elles se connaissent trop. Vrai et faux à la fois. Soit elles se connaissent trop, au point de ne plus se sentir et elles s’évitent, dans le désordre. Soit elles n’avouent qu’un quart du désir qui les ligote. Dans les deux cas, le jeu du nœud favorisera les liaisons platoniques. C’est le nœud qui sait tout. Faux. Bien faits, mal faits ou pas faits, les nœuds sont des conventions, ils n’ont pas d’autonomie. Aucun nœud n’est indispensable. Il aurait pu, tout aussi bien, être noué quelques centimètres à côté par un autre scout ou n’importe quel animal un peu digité. « Le fondement du Diable n’est pas tressé que de paille », savent les Incas.
Les bretelles constituent de nos jours un bien mince rempart contre le triomphe de l’individualisme. Vrai. Boostée par les bons résultats de la singularité-marchandise, la séparation a partout vaincu et les bretelles n’y peuvent plus rien, désormais. Les modèles comportementaux qu’elles présentent à nos compréhensions sont gentils, souples, mais guère effi caces, guère profitables, trop coopératifs. La ceinture, toute seule, arrive mieux à faire le tour des besoins d’une époque qui a forci dans son falzar.
Le hamac en réunion dissipe les tensions. Vrai. Comme tout macro-filet, le hamac concentre sur son nom tout un tas de dévers sans nom aux intersections de quoi percole un peu de poésie sans intention, des songeries de farniente et le désir de se balancer désordonnément dans le roulis ou le tangage en rêvassant. Contre le sens commun du maître.
Et toujours, ailleurs, le sable... Vrai.
Maxime Matray, septembre 2003

Supernaturel, 2003
carton d'invitation
Agnès Martel, vit et travaille à Paris.
Agnès Martel, vit et travaille à Paris.
La Salle de bains reçoit le soutien du Ministère de la Culture DRAC Auvergne-Rhône-Alpes,
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.