





Photos : André Morin / © La Salle de bains
Photos : André Morin / © La Salle de bains
Spectres
Du 24 juin au 14 août 2005From 24 June to 14 August 2005
Sous une voûte étoilée (Your Private Sky) de strass et de zircons tour à tour en diffraction et transparents selon la déambulation du spectateur à qui rien ne permet d’identifier une constellation. C’est dans cette perte de repère qu’est présenté un fouet anthropomorphique, Spectre. Avec cet objet éminemment SM, la première exposition personnelle en France de Pierre Vadi s’annonce sous le sceau de l’accomplissement et de la frustration simultanés. Des animaux allongés d’un repos morbide, ont une matière translucide qui trouble notre appréhension. L’exposition Spectres désoriente le spectateur qui ne parvient pas à relier ces entités pourtant familières. Malgré leurs qualités narratives, ces éléments – une nuit étoilée, un fouet et des animaux - ne se laissent pas rassembler en un récit sinon pluriel et lapidaire.
Your Private Sky comporte pourtant un motif ordonné qui dispose géométriquement les brillants. Proches de la taxidermie ou du moulage, il n’y a paradoxalement aucun indice quant à l’identification de ces animaux (Pedigree) ou de leur état figuré. Dans le fouet glissent les couleurs théoriques et dégradées de l’arc-en-ciel. Elles sont d’ailleurs dégradées à double titre : par principe au nombre de sept, elles semblent s’épuiser progressivement. En faisceau, les liens exsangues laissent alors transparaître la lumière des néons posés au sol. Ainsi l’exposition constituée d’objets plausibles et narratifs est en fait un assemblage de constructions où règne l’artifice. En écho à la voûte céleste, dans le bureau où l’on retrouve les néons normalement au plafond, sont disposés sur la table un échantillon de couleur du plafond peint et un tas de minuscules crânes (Spectres). Proche de la vanité, cette exposition est donc autant hantée que machination artificielle et dispositif construit.
Ce paradoxe trouve des antécédents dans le travail de Pierre Vadi où la carte géographique constitue une série exemplaire. Cette dernière recouverte alors d’un motif (aigle, moirures psychédéliques, planète, King Kong...), ses informations initiales disparaissent et deviennent le moteur ainsi que la surface d’une projection. Il ne reste de lisibles guère que les plis ; c’est dans le titre que l’on peut déceler la relation palimpseste entre l’image première et l’image seconde. Nous nous retrouvons ici dans une logique apparemment bipolaire où s’opposent l’indiciel et le projectif, l’informatif et l’imaginaire.
L’inventaire ou la cartographie étaient privilégiés par certains artistes conceptuels. Ces méthodes d’enregistrements objectifs étaient autant le moyen d’une dématérialisation de l’art que celui d’interroger les conditions élémentaires d’existence de l’œuvre. Au-delà de cette idéologie réductiviste, si certains ont eu l’intuition de la dimension narrative d’une procédure et de son énoncé, la génération suivante a souligné la dimension idéologique des méthodes supposés neutres par l’art conceptuel. Dans ce constat critique, les post-conceptuels ont établi leur appartenance à la culture qu’ils désignaient se débarrassant ainsi du primat de la distanciation exclusive.
Or nous l’avons vu, nombre des œuvres de Pierre Vadi renvoient dos-à-dos la qualité littérale et imaginaire des objets. Certaines sculptures sont des reproductions à échelle 1/1 en résine, quand d’autres consistent en la réalisation d’un labyrinthe dont la qualité des parois rend difficile la lecture du parcours. Dans un cas, la transparence est paradoxalement un obstacle, dans l’autre l’égarement normalement maîtrisé est encore augmenté par sa construction en fausse fourrure étouffant les couloirs étroits.
À l’image de ce labyrinthe, l’ensemble des œuvres de Pierre Vadi mutltiplie les chemins comme autant de récits révélés et troublés simultanément. Ces dernières familières et étranges sont alors le moment d’une expérience captivante dont le spectateur se plaît à être à la fois l’objet et le voyeur.
Julien Fronsacq
Your Private Sky comporte pourtant un motif ordonné qui dispose géométriquement les brillants. Proches de la taxidermie ou du moulage, il n’y a paradoxalement aucun indice quant à l’identification de ces animaux (Pedigree) ou de leur état figuré. Dans le fouet glissent les couleurs théoriques et dégradées de l’arc-en-ciel. Elles sont d’ailleurs dégradées à double titre : par principe au nombre de sept, elles semblent s’épuiser progressivement. En faisceau, les liens exsangues laissent alors transparaître la lumière des néons posés au sol. Ainsi l’exposition constituée d’objets plausibles et narratifs est en fait un assemblage de constructions où règne l’artifice. En écho à la voûte céleste, dans le bureau où l’on retrouve les néons normalement au plafond, sont disposés sur la table un échantillon de couleur du plafond peint et un tas de minuscules crânes (Spectres). Proche de la vanité, cette exposition est donc autant hantée que machination artificielle et dispositif construit.
Ce paradoxe trouve des antécédents dans le travail de Pierre Vadi où la carte géographique constitue une série exemplaire. Cette dernière recouverte alors d’un motif (aigle, moirures psychédéliques, planète, King Kong...), ses informations initiales disparaissent et deviennent le moteur ainsi que la surface d’une projection. Il ne reste de lisibles guère que les plis ; c’est dans le titre que l’on peut déceler la relation palimpseste entre l’image première et l’image seconde. Nous nous retrouvons ici dans une logique apparemment bipolaire où s’opposent l’indiciel et le projectif, l’informatif et l’imaginaire.
L’inventaire ou la cartographie étaient privilégiés par certains artistes conceptuels. Ces méthodes d’enregistrements objectifs étaient autant le moyen d’une dématérialisation de l’art que celui d’interroger les conditions élémentaires d’existence de l’œuvre. Au-delà de cette idéologie réductiviste, si certains ont eu l’intuition de la dimension narrative d’une procédure et de son énoncé, la génération suivante a souligné la dimension idéologique des méthodes supposés neutres par l’art conceptuel. Dans ce constat critique, les post-conceptuels ont établi leur appartenance à la culture qu’ils désignaient se débarrassant ainsi du primat de la distanciation exclusive.
Or nous l’avons vu, nombre des œuvres de Pierre Vadi renvoient dos-à-dos la qualité littérale et imaginaire des objets. Certaines sculptures sont des reproductions à échelle 1/1 en résine, quand d’autres consistent en la réalisation d’un labyrinthe dont la qualité des parois rend difficile la lecture du parcours. Dans un cas, la transparence est paradoxalement un obstacle, dans l’autre l’égarement normalement maîtrisé est encore augmenté par sa construction en fausse fourrure étouffant les couloirs étroits.
À l’image de ce labyrinthe, l’ensemble des œuvres de Pierre Vadi mutltiplie les chemins comme autant de récits révélés et troublés simultanément. Ces dernières familières et étranges sont alors le moment d’une expérience captivante dont le spectateur se plaît à être à la fois l’objet et le voyeur.
Julien Fronsacq
Sous une voûte étoilée (Your Private Sky) de strass et de zircons tour à tour en diffraction et transparents selon la déambulation du spectateur à qui rien ne permet d’identifier une constellation. C’est dans cette perte de repère qu’est présenté un fouet anthropomorphique, Spectre. Avec cet objet éminemment SM, la première exposition personnelle en France de Pierre Vadi s’annonce sous le sceau de l’accomplissement et de la frustration simultanés. Des animaux allongés d’un repos morbide, ont une matière translucide qui trouble notre appréhension. L’exposition Spectres désoriente le spectateur qui ne parvient pas à relier ces entités pourtant familières. Malgré leurs qualités narratives, ces éléments – une nuit étoilée, un fouet et des animaux - ne se laissent pas rassembler en un récit sinon pluriel et lapidaire.
Your Private Sky comporte pourtant un motif ordonné qui dispose géométriquement les brillants. Proches de la taxidermie ou du moulage, il n’y a paradoxalement aucun indice quant à l’identification de ces animaux (Pedigree) ou de leur état figuré. Dans le fouet glissent les couleurs théoriques et dégradées de l’arc-en-ciel. Elles sont d’ailleurs dégradées à double titre : par principe au nombre de sept, elles semblent s’épuiser progressivement. En faisceau, les liens exsangues laissent alors transparaître la lumière des néons posés au sol. Ainsi l’exposition constituée d’objets plausibles et narratifs est en fait un assemblage de constructions où règne l’artifice. En écho à la voûte céleste, dans le bureau où l’on retrouve les néons normalement au plafond, sont disposés sur la table un échantillon de couleur du plafond peint et un tas de minuscules crânes (Spectres). Proche de la vanité, cette exposition est donc autant hantée que machination artificielle et dispositif construit.
Ce paradoxe trouve des antécédents dans le travail de Pierre Vadi où la carte géographique constitue une série exemplaire. Cette dernière recouverte alors d’un motif (aigle, moirures psychédéliques, planète, King Kong...), ses informations initiales disparaissent et deviennent le moteur ainsi que la surface d’une projection. Il ne reste de lisibles guère que les plis ; c’est dans le titre que l’on peut déceler la relation palimpseste entre l’image première et l’image seconde. Nous nous retrouvons ici dans une logique apparemment bipolaire où s’opposent l’indiciel et le projectif, l’informatif et l’imaginaire.
L’inventaire ou la cartographie étaient privilégiés par certains artistes conceptuels. Ces méthodes d’enregistrements objectifs étaient autant le moyen d’une dématérialisation de l’art que celui d’interroger les conditions élémentaires d’existence de l’œuvre. Au-delà de cette idéologie réductiviste, si certains ont eu l’intuition de la dimension narrative d’une procédure et de son énoncé, la génération suivante a souligné la dimension idéologique des méthodes supposés neutres par l’art conceptuel. Dans ce constat critique, les post-conceptuels ont établi leur appartenance à la culture qu’ils désignaient se débarrassant ainsi du primat de la distanciation exclusive.
Or nous l’avons vu, nombre des œuvres de Pierre Vadi renvoient dos-à-dos la qualité littérale et imaginaire des objets. Certaines sculptures sont des reproductions à échelle 1/1 en résine, quand d’autres consistent en la réalisation d’un labyrinthe dont la qualité des parois rend difficile la lecture du parcours. Dans un cas, la transparence est paradoxalement un obstacle, dans l’autre l’égarement normalement maîtrisé est encore augmenté par sa construction en fausse fourrure étouffant les couloirs étroits.
À l’image de ce labyrinthe, l’ensemble des œuvres de Pierre Vadi mutltiplie les chemins comme autant de récits révélés et troublés simultanément. Ces dernières familières et étranges sont alors le moment d’une expérience captivante dont le spectateur se plaît à être à la fois l’objet et le voyeur.
Julien Fronsacq
Your Private Sky comporte pourtant un motif ordonné qui dispose géométriquement les brillants. Proches de la taxidermie ou du moulage, il n’y a paradoxalement aucun indice quant à l’identification de ces animaux (Pedigree) ou de leur état figuré. Dans le fouet glissent les couleurs théoriques et dégradées de l’arc-en-ciel. Elles sont d’ailleurs dégradées à double titre : par principe au nombre de sept, elles semblent s’épuiser progressivement. En faisceau, les liens exsangues laissent alors transparaître la lumière des néons posés au sol. Ainsi l’exposition constituée d’objets plausibles et narratifs est en fait un assemblage de constructions où règne l’artifice. En écho à la voûte céleste, dans le bureau où l’on retrouve les néons normalement au plafond, sont disposés sur la table un échantillon de couleur du plafond peint et un tas de minuscules crânes (Spectres). Proche de la vanité, cette exposition est donc autant hantée que machination artificielle et dispositif construit.
Ce paradoxe trouve des antécédents dans le travail de Pierre Vadi où la carte géographique constitue une série exemplaire. Cette dernière recouverte alors d’un motif (aigle, moirures psychédéliques, planète, King Kong...), ses informations initiales disparaissent et deviennent le moteur ainsi que la surface d’une projection. Il ne reste de lisibles guère que les plis ; c’est dans le titre que l’on peut déceler la relation palimpseste entre l’image première et l’image seconde. Nous nous retrouvons ici dans une logique apparemment bipolaire où s’opposent l’indiciel et le projectif, l’informatif et l’imaginaire.
L’inventaire ou la cartographie étaient privilégiés par certains artistes conceptuels. Ces méthodes d’enregistrements objectifs étaient autant le moyen d’une dématérialisation de l’art que celui d’interroger les conditions élémentaires d’existence de l’œuvre. Au-delà de cette idéologie réductiviste, si certains ont eu l’intuition de la dimension narrative d’une procédure et de son énoncé, la génération suivante a souligné la dimension idéologique des méthodes supposés neutres par l’art conceptuel. Dans ce constat critique, les post-conceptuels ont établi leur appartenance à la culture qu’ils désignaient se débarrassant ainsi du primat de la distanciation exclusive.
Or nous l’avons vu, nombre des œuvres de Pierre Vadi renvoient dos-à-dos la qualité littérale et imaginaire des objets. Certaines sculptures sont des reproductions à échelle 1/1 en résine, quand d’autres consistent en la réalisation d’un labyrinthe dont la qualité des parois rend difficile la lecture du parcours. Dans un cas, la transparence est paradoxalement un obstacle, dans l’autre l’égarement normalement maîtrisé est encore augmenté par sa construction en fausse fourrure étouffant les couloirs étroits.
À l’image de ce labyrinthe, l’ensemble des œuvres de Pierre Vadi mutltiplie les chemins comme autant de récits révélés et troublés simultanément. Ces dernières familières et étranges sont alors le moment d’une expérience captivante dont le spectateur se plaît à être à la fois l’objet et le voyeur.
Julien Fronsacq
Liste des œuvres :
List of works :
Spectre, 2005
(pvc flexible, résine tendre, colorants)
Your private sky, 2005
(zircons, résine tendre)
Pedigree, 2004-2005
(résine, colorant)
Spectres, 2005
(résine, prototypes pour des pastilles à sucer)
(pvc flexible, résine tendre, colorants)
Your private sky, 2005
(zircons, résine tendre)
Pedigree, 2004-2005
(résine, colorant)
Spectres, 2005
(résine, prototypes pour des pastilles à sucer)
Spectre, 2005
(pvc flexible, résine tendre, colorants)
Your private sky, 2005
(zircons, résine tendre)
Pedigree, 2004-2005
(résine, colorant)
Spectres, 2005
(résine, prototypes pour des pastilles à sucer)
(pvc flexible, résine tendre, colorants)
Your private sky, 2005
(zircons, résine tendre)
Pedigree, 2004-2005
(résine, colorant)
Spectres, 2005
(résine, prototypes pour des pastilles à sucer)

Spectres, 2005
carton d'invitation
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de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
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