








TAFAA#30 - salle 1, Chloé Delarue, La Salle de bains, Lyon du 14 septembre au 21 décembre 2019. Photos : Chloé Delarue
TAFAA#30 - room 1, Chloé Delarue, La Salle de bains, Lyon from 14 September to 21 December 2019. Photos : Chloé Delarue
TAFAA#30 - salle 1
Du 14 septembre au 21 décembre 2019From 14 September to 21 December 2019
TAFAA est l’acronyme de Toward A Fully Automated Appearance. C’est sous cette appellation, indexée d’un numéro ou d’un sous-titre, que se présente chaque occurrence du travail de Chloé Delarue depuis 2015. Chacune de ses sculptures ou expositions – toujours conçues comme unité – donnerait accès à autant de séquences d’un même récit, discontinu mais infini, dont la trame ne cesse de se dissoudre. Ceux qui sont entrés en contact avec TAFAA situent ce récit dans un futur semblant être en stase, en attente de notre présent ; un futur qui aurait développé une paranoïa à force d'absorber toutes les utopies dont il connaîtrait par avance les écueils, mais un futur qui aurait aussi contourné les dystopies déchues que nous a promis la multitude de récit d’anticipations, à force de mises à jour permanentes, sous la contrainte du temps réel.
Car l’élaboration du programme esthétique qu’est TAFAA prend acte de la réalisation terrifiante et objective de la science-fiction. C’est, par exemple, le développement des externalisations (apparemment — c'est l'artiste qui précise) artificielles et leur progressive autonomisation, l’exhaustivité de la dématérialisation à l’avantage de l’exercice total de pouvoirs de subordination, commerciaux et biologiques, qui opèrent par la force invisible du contrôle et de l’influence, ou encore, le devenir paysage des déchets toxiques déversés au revers des simulacres générés par les simulations. Mais ce qu’anticipe TAFAA c’est davantage les inconséquences esthétiques de ce contexte – que la philosophie nomme post-historique ou post-humain – sur nos sens. Selon les mots de Chloé Delarue : « de la chair au mirage, du sentiment à son code » ; voilà le domaine de spéculation de TAFAA : la connaissance par sa perception d’un monde continuellement scanné, décodé et ré-encodé.
Chaque occurrence de TAFAA pourrait aussi faire apparaître différentes sections d’une même muqueuse, qui au fil des expositions dévoilerait ses dimensions colossales et l’étendue de ses fonctions. Celles-ci restent obscures, sous les traits vagues d’un entre-lieu, d’une clandestinité où sont à la fois entreposées, traitées et produites des données – selon la logique autarcique des puissances d’agir ayant accès aux modalités infra technique – sous des formes (ou plutôt contre-formes) matérielles, des mues de latex, de résidus de surfaces laissés par des activités et des corps obsolètes. Cette machine /muqueuse se présente toujours à l’arrêt mais toujours sous tension, comme s’il s’agissait seulement de produire sa propre image, exposée – le temps de l’exposition – à l’action de l’entropie, où les néons finissent de griller et le latex de cuire.
À la Salle de Bains, en contrebas, le présent se finit, s’use, se dépossède. Un centre de traitement en attente, où ces mues allégoriques, comme seuls symptômes des choses et des êtres qui auraient migré dans leur code, révèlent ce que nous laissons derrière nous par l’appropriation de plus en plus profonde de nos êtres.
Elles sèchent, ces peaux vidées de leurs signifiés pour s’y substituer peut-être, sur les carcasses laissées derrière le règne des simulacres, enseignes lumineuses et écrans LCD, comme des ossements d’images, où TAFAA génère une simulation analogique.
Car l’élaboration du programme esthétique qu’est TAFAA prend acte de la réalisation terrifiante et objective de la science-fiction. C’est, par exemple, le développement des externalisations (apparemment — c'est l'artiste qui précise) artificielles et leur progressive autonomisation, l’exhaustivité de la dématérialisation à l’avantage de l’exercice total de pouvoirs de subordination, commerciaux et biologiques, qui opèrent par la force invisible du contrôle et de l’influence, ou encore, le devenir paysage des déchets toxiques déversés au revers des simulacres générés par les simulations. Mais ce qu’anticipe TAFAA c’est davantage les inconséquences esthétiques de ce contexte – que la philosophie nomme post-historique ou post-humain – sur nos sens. Selon les mots de Chloé Delarue : « de la chair au mirage, du sentiment à son code » ; voilà le domaine de spéculation de TAFAA : la connaissance par sa perception d’un monde continuellement scanné, décodé et ré-encodé.
Chaque occurrence de TAFAA pourrait aussi faire apparaître différentes sections d’une même muqueuse, qui au fil des expositions dévoilerait ses dimensions colossales et l’étendue de ses fonctions. Celles-ci restent obscures, sous les traits vagues d’un entre-lieu, d’une clandestinité où sont à la fois entreposées, traitées et produites des données – selon la logique autarcique des puissances d’agir ayant accès aux modalités infra technique – sous des formes (ou plutôt contre-formes) matérielles, des mues de latex, de résidus de surfaces laissés par des activités et des corps obsolètes. Cette machine /muqueuse se présente toujours à l’arrêt mais toujours sous tension, comme s’il s’agissait seulement de produire sa propre image, exposée – le temps de l’exposition – à l’action de l’entropie, où les néons finissent de griller et le latex de cuire.
À la Salle de Bains, en contrebas, le présent se finit, s’use, se dépossède. Un centre de traitement en attente, où ces mues allégoriques, comme seuls symptômes des choses et des êtres qui auraient migré dans leur code, révèlent ce que nous laissons derrière nous par l’appropriation de plus en plus profonde de nos êtres.
Elles sèchent, ces peaux vidées de leurs signifiés pour s’y substituer peut-être, sur les carcasses laissées derrière le règne des simulacres, enseignes lumineuses et écrans LCD, comme des ossements d’images, où TAFAA génère une simulation analogique.
TAFAA is an acronym for Toward A Fully Automated Appearance. Each piece of work by the artist Chloé Delarue that has been presented to the public since 2015 bears this acronym-title, which is specified with a particular index number or sports a subtitle. And each of her sculptures or shows – which are always designed as a whole – is a portal on yet another sequence of one and the same narrative, one that is intermittent but also infinite, and whose framework is constantly dissolving. Those who have encountered TAFAA situate this narrative in a future that seems to be in stasis, waiting for our present; a future that has apparently developed a paranoia with respect to absorbing all the utopias whose pitfalls are already known to it in advance, but a future that has also bypassed the fallen dystopias that a myriad of sci-fi stories have promised us, due to the constant updates under the pressure exerted by real time.
For TAFAA is an esthetic program and its elaboration reckons with the terrifying and objective realizations of science fiction. It is, for example, the development of (apparently) artificial externalizations and their gradual autonomization, the exhaustiveness of dematerialization to the advantage of the total exercising of the commercial and biological powers of subordination, which works through the invisible force of control and influence; or the creation of landscapes of toxic waste pouring from behind simulacra generated by simulations. But what TAFAA anticipates is the esthetic inconsistencies of this context – which philosophy calls posthistorical or posthuman – on our senses. In Chloé Delarue’s words, “From flesh to the mirage, from feeling to its code,” this is TAFAA’s field of speculation of, that is, knowledge of one’s perception of a world that is continually scanned, decoded, and re-encoded.
Each instance of TAFAA also brings to light different sections of one and the same membrana mucosa, which has revealed throughout the exhibitions its colossal dimensions and the extent of its functions. These remain obscure, contained beneath the vague features of an “in-between,” a clandestine state where you will find data stored, treated and produced – according to the autarkic power logic to act having access to infra-technique modalities – in material forms (or rather counter-forms), the molting of latex, of surface residues left by obsolete activities and bodies. This mucosa always appears stationary but also constantly under stress, as if it were merely a matter of producing its own image, exposed – for the run of the exhibition – to effects of entropy, where the neon lights end up burning out and the latex getting baked.
Below at La Salle de Bains, the present is ending, wearing out, becoming dispossessed. A treatment center on hold, where these instances of allegorical molting, as the only symptoms of things and beings that have migrated into their code, reveal what we leave behind through the increasingly deeper appropriation of our beings.
They are drying up, these skins that are emptied of their signifiers, perhaps to replace, on the carcasses left in the wake of the reign of the simulacra, neon signs and LCD screens, like the bones of images, where TAFAA generates an analogical simulation.
translation: John O'Toole
For TAFAA is an esthetic program and its elaboration reckons with the terrifying and objective realizations of science fiction. It is, for example, the development of (apparently) artificial externalizations and their gradual autonomization, the exhaustiveness of dematerialization to the advantage of the total exercising of the commercial and biological powers of subordination, which works through the invisible force of control and influence; or the creation of landscapes of toxic waste pouring from behind simulacra generated by simulations. But what TAFAA anticipates is the esthetic inconsistencies of this context – which philosophy calls posthistorical or posthuman – on our senses. In Chloé Delarue’s words, “From flesh to the mirage, from feeling to its code,” this is TAFAA’s field of speculation of, that is, knowledge of one’s perception of a world that is continually scanned, decoded, and re-encoded.
Each instance of TAFAA also brings to light different sections of one and the same membrana mucosa, which has revealed throughout the exhibitions its colossal dimensions and the extent of its functions. These remain obscure, contained beneath the vague features of an “in-between,” a clandestine state where you will find data stored, treated and produced – according to the autarkic power logic to act having access to infra-technique modalities – in material forms (or rather counter-forms), the molting of latex, of surface residues left by obsolete activities and bodies. This mucosa always appears stationary but also constantly under stress, as if it were merely a matter of producing its own image, exposed – for the run of the exhibition – to effects of entropy, where the neon lights end up burning out and the latex getting baked.
Below at La Salle de Bains, the present is ending, wearing out, becoming dispossessed. A treatment center on hold, where these instances of allegorical molting, as the only symptoms of things and beings that have migrated into their code, reveal what we leave behind through the increasingly deeper appropriation of our beings.
They are drying up, these skins that are emptied of their signifiers, perhaps to replace, on the carcasses left in the wake of the reign of the simulacra, neon signs and LCD screens, like the bones of images, where TAFAA generates an analogical simulation.
translation: John O'Toole
Liste des œuvres :
List of works :
TAFAA#30, 2019
latex, néons, métal, PVC, dalles LCD
dimensions variables
latex, néons, métal, PVC, dalles LCD
dimensions variables
TAFAA#30, 2019
latex, neon lights, metal, PVC, LCD panels
variable dimensions
latex, neon lights, metal, PVC, LCD panels
variable dimensions

TAFAA#30 - salle 1, 2019
affiche
Chloé Delarue (1986) vit et travaille à Genève.
Elle est diplômée de la Villa Arson (Nice) en 2012 et de la HEAD (Genève) en 2014. Elle a réalisé de nombreuses expositions personnelles ces dernières années, dont TAFAA – TECH SENSE ORNAMENT au Parc Saint Léger (Nevers), TAFAA – HIVE à Poppositions art fair (Bruxelles), TAFAA – NEW RARE XPENDABLE au Kunsthaus Langenthal, TAFAA – ACID RAVE au Musée des Beaux-Arts de la Chaux-de-Fonds, ou encore TAFAA – THE CENTURY OF THE SNITCH à la Villa du Parc (Annemasse) en 2020.
Depuis 2022, son travail est représenté par la galerie Frank Elbaz à Paris.
Elle est diplômée de la Villa Arson (Nice) en 2012 et de la HEAD (Genève) en 2014. Elle a réalisé de nombreuses expositions personnelles ces dernières années, dont TAFAA – TECH SENSE ORNAMENT au Parc Saint Léger (Nevers), TAFAA – HIVE à Poppositions art fair (Bruxelles), TAFAA – NEW RARE XPENDABLE au Kunsthaus Langenthal, TAFAA – ACID RAVE au Musée des Beaux-Arts de la Chaux-de-Fonds, ou encore TAFAA – THE CENTURY OF THE SNITCH à la Villa du Parc (Annemasse) en 2020.
Depuis 2022, son travail est représenté par la galerie Frank Elbaz à Paris.
Chloé Delarue (1986) lives and works in Geneva.
She graduated from La Villa Arson (Nice) in 2012 and HEAD (Geneva) in 2014. She has had a number of solo shows over the past few years, including TAFAA – TECH SENSE ORNAMENT at the Parc Saint Léger (Nevers), TAFAA – HIVE at the Poppositions art fair (Brussels), TAFAA – NEW RARE XPENDABLE at the Kunsthaus Langenthal, TAFAA – ACID RAVE at the Musée des Beaux-Arts of La Chaux-de-Fonds, and TAFAA – THE CENTURY OF THE SNITCH at La Villa du Parc (Annemasse) in 2020.
Since 2022, her work is represneted by Frank Elbaz gallery in Paris.
She graduated from La Villa Arson (Nice) in 2012 and HEAD (Geneva) in 2014. She has had a number of solo shows over the past few years, including TAFAA – TECH SENSE ORNAMENT at the Parc Saint Léger (Nevers), TAFAA – HIVE at the Poppositions art fair (Brussels), TAFAA – NEW RARE XPENDABLE at the Kunsthaus Langenthal, TAFAA – ACID RAVE at the Musée des Beaux-Arts of La Chaux-de-Fonds, and TAFAA – THE CENTURY OF THE SNITCH at La Villa du Parc (Annemasse) in 2020.
Since 2022, her work is represneted by Frank Elbaz gallery in Paris.
La Salle de bains reçoit le soutien du Ministère de la Culture DRAC Auvergne-Rhône-Alpes,
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
Ce projet a reçu le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture
et du Fonds cantonal d'art contemporain, DCS, Génève.
En Résonance de la 15e Biennale d'art contemporain de Lyon.
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
Ce projet a reçu le soutien de Pro Helvetia, Fondation suisse pour la culture
et du Fonds cantonal d'art contemporain, DCS, Génève.
En Résonance de la 15e Biennale d'art contemporain de Lyon.




