






Photos : © La Salle de bains
Photos : © La Salle de bains
La diagonale du vide
Du 17 avril au 5 juin 2010From 17 April to 5 June 2010
La diagonale du vide est une exposition construite d’abord en rapport avec le cinéma d’Eric Rohmer, récemment disparu. On sait qu’à la façon des moralistes du 17ème siècle comme Labruyère ou La Rochefoucauld, il était dans ses films un observateur très fin des mœurs de son époque et de ses pratiques de langages. Mais du siècle classique, il hérita aussi la sensibilité arcadienne de Lafontaine, et l’œil géométrique de Pascal et il filma inlassablement le paysage français, dans tous ses archétypes: Paris, la ville de province, les plages bretonnes très embourgeoisées, ou encore les villages déserts de la diagonale du vide. Il évoquait ainsi la Drôme et la vallée du Rhône comme un lieu d’échanges et surtout comme un territoire ayant la forme d'un losange (et il s’agit aussi d’un jeu de mot sur le nom de la société de production fondée en 1962 avec Barbet Schroeder, les Films du Losange).
La diagonale du vide, s’inspirant de ce double regard, déploie donc les possibilités sémantiques, formelles et paysagières d’une expression. Cette formule bien connue, un des tubes de l’enseignement secondaire, a longtemps servi à désigner une zone de faible densité qui traverse la France des Ardennes aux Landes. Elle fait résonner toute l’histoire du paysage français, celle de la centralisation extrême puis la décentralisation progressive et hésitante, et les incessantes rivalités entre Paris et le reste du territoire français. Cette expression appartient d’abord au langage de l’action politique et administrative: le repeuplement de cette diagonale a longtemps passé pour une priorité dans le débat social.
On peut aussi l’entendre autrement. La diagonale est une forme de ligne, entre l’horizontal et le vertical. Kandinsky évoque ainsi dans Point, Ligne, Plan, sa grammaire des formes, l’effet sensible de la diagonale dans la composition picturale. Elle est plus ou moins chaude ou froide, selon son inclinaison. Quelle est alors la place de l’abstraction dans la pensée administrative d’un territoire ? Est-elle un outil politique au même titre que les statistiques ?
L'exposition rassemble des œuvres qui ont été en grande partie produites pour l'exposition. Certains des artistes arpentent inlassablement cette diagonale (Eric Tabuchi, Justin Meekel). D'autres ont imaginé des pratiques rituelles pour ce territoire (Pierre Vadi, Andreas Dobler). D'autres enfin lui ont emprunté diverses formes abstraites (David Malek, Arnaud Vérin, Simon Boudvin). Loin de l’objectivité à laquelle le vocabulaire géographique et géométrique a pu prétendre, l'expression s'est chargée de mythologie, et de fantasmes sur la campagne et sa désertification. Qu’y-a-t-il au centre de la France ? Cette diagonale est-elle réellement vide ? Existe-t-il un paysage neutre ? Une rêverie poétique est-elle encore d’actualité ? Quelle est la charge d’étrangeté de cette twilight zone [1] ?
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NB: l'exposition s'accompagne d'une publication dont le contenu est disponible ci-dessous (Publication La Diagonale du vide)
La diagonale du vide, s’inspirant de ce double regard, déploie donc les possibilités sémantiques, formelles et paysagières d’une expression. Cette formule bien connue, un des tubes de l’enseignement secondaire, a longtemps servi à désigner une zone de faible densité qui traverse la France des Ardennes aux Landes. Elle fait résonner toute l’histoire du paysage français, celle de la centralisation extrême puis la décentralisation progressive et hésitante, et les incessantes rivalités entre Paris et le reste du territoire français. Cette expression appartient d’abord au langage de l’action politique et administrative: le repeuplement de cette diagonale a longtemps passé pour une priorité dans le débat social.
On peut aussi l’entendre autrement. La diagonale est une forme de ligne, entre l’horizontal et le vertical. Kandinsky évoque ainsi dans Point, Ligne, Plan, sa grammaire des formes, l’effet sensible de la diagonale dans la composition picturale. Elle est plus ou moins chaude ou froide, selon son inclinaison. Quelle est alors la place de l’abstraction dans la pensée administrative d’un territoire ? Est-elle un outil politique au même titre que les statistiques ?
L'exposition rassemble des œuvres qui ont été en grande partie produites pour l'exposition. Certains des artistes arpentent inlassablement cette diagonale (Eric Tabuchi, Justin Meekel). D'autres ont imaginé des pratiques rituelles pour ce territoire (Pierre Vadi, Andreas Dobler). D'autres enfin lui ont emprunté diverses formes abstraites (David Malek, Arnaud Vérin, Simon Boudvin). Loin de l’objectivité à laquelle le vocabulaire géographique et géométrique a pu prétendre, l'expression s'est chargée de mythologie, et de fantasmes sur la campagne et sa désertification. Qu’y-a-t-il au centre de la France ? Cette diagonale est-elle réellement vide ? Existe-t-il un paysage neutre ? Une rêverie poétique est-elle encore d’actualité ? Quelle est la charge d’étrangeté de cette twilight zone [1] ?
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NB: l'exposition s'accompagne d'une publication dont le contenu est disponible ci-dessous (Publication La Diagonale du vide)
Diagonal across the Void is an exhibition constructed first and foremost in relation to the late Eric Rohmer’s films. We know that, in his films, in the manner of 17th moralists like La Bruyère and La Rochefoucauld, he was a very subtle observer of the customs of his day and age and its linguistic practices. But he also inherited from the classical century the Arcadian sensibility of La Fontaine, and the geometric eye of Pascal, and he tirelessly filmed the French landscape in all its archetypes : Paris, provincial towns and cities, highly gentrified Brittany beaches, and the deserted villages along the diagonal across the void. He thus depicted the Drôme and the Rhone Valley as a place of exchanges and above all as a territory shaped like a lozenge (which is also a wordplay on the production company he set up in 1962 with Barbet Schroeder: Les Films du Losange).
Drawing inspiration from this dual way of looking at things, Diagonal across the Void thus develops the semantic, formal, and landscape possibilities of an expression. This well-known phrase, an extremely familiar one in secondary schools, has long been used to designate a low-population area that runs across France from the Ardennes to the Landes. It echoes the whole history of the French countryside, one of extreme centralization, followed by gradual and hesitant decentralization, and the ceaseless rivalries between Paris and the rest of France. This expression belongs firstly to the language of political and administrative action: the repopulation of this diagonal swathe has long been a priority in the social debate.
It can also be taken in a different way. The diagonal is a kind of line, somewhere between the horizontal and the vertical. In his Point, Ligne, Plan/Dot, Line, Plane, Kandinsky thus evokes his grammar of forms, the perceptible effect of the diagonal in the pictorial composition. It is more or less hot or cold, depending on its slant. So what is the place of abstraction in the administrative line of thinking about a territory? Is it a political tool, like statistics?
The show brings together works largely produced for it. Some of the artists indefatigably criss-cross this diagonal (Eric Tabuchi, Justin Meekel). Others have imagined ritual practices for this territory (Pierre Vadi, Andreas Dobler). Others still have borrowed various abstract forms (David Malek, Arnaud Vérin, Simon Boudvin). What is there in the centre of France? Is this diagonal area really empty? Does a neutral landscape exist? Is poetic daydreaming still something that happens today? What is the degree of strangeness in this twilight zone [1]?
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NB: the show includes a publication which contents is available below (Publication La Diagonale du vide)
Drawing inspiration from this dual way of looking at things, Diagonal across the Void thus develops the semantic, formal, and landscape possibilities of an expression. This well-known phrase, an extremely familiar one in secondary schools, has long been used to designate a low-population area that runs across France from the Ardennes to the Landes. It echoes the whole history of the French countryside, one of extreme centralization, followed by gradual and hesitant decentralization, and the ceaseless rivalries between Paris and the rest of France. This expression belongs firstly to the language of political and administrative action: the repopulation of this diagonal swathe has long been a priority in the social debate.
It can also be taken in a different way. The diagonal is a kind of line, somewhere between the horizontal and the vertical. In his Point, Ligne, Plan/Dot, Line, Plane, Kandinsky thus evokes his grammar of forms, the perceptible effect of the diagonal in the pictorial composition. It is more or less hot or cold, depending on its slant. So what is the place of abstraction in the administrative line of thinking about a territory? Is it a political tool, like statistics?
The show brings together works largely produced for it. Some of the artists indefatigably criss-cross this diagonal (Eric Tabuchi, Justin Meekel). Others have imagined ritual practices for this territory (Pierre Vadi, Andreas Dobler). Others still have borrowed various abstract forms (David Malek, Arnaud Vérin, Simon Boudvin). What is there in the centre of France? Is this diagonal area really empty? Does a neutral landscape exist? Is poetic daydreaming still something that happens today? What is the degree of strangeness in this twilight zone [1]?
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NB: the show includes a publication which contents is available below (Publication La Diagonale du vide)
[1] Twilight zone est une série télévisée de science-fiction américaine créée par Rod Serling et traduite en français par la 4ème dimension. 138 épisodes de 25 minutes et 18 épisodes de 50 minutes ont été diffusés entre 1959 et 1964 sur le réseau CBS.
[1] Twilight Zone is an American science-fiction TV series created by Rod Serling and translated into French as the 4th dimension. 138 25-minute episodes, and 18 50-minute episodes were broadcast between 1959 and 1964 by CBS.

La diagonale du vide, 2010
carton d'invitation
Simon Boudvin, né en 1979 (France).
Vit et travaille à Paris.
Représenté par Jean Brolly.
Vit et travaille à Paris.
Représenté par Jean Brolly.
Simon Boudvin, né en 1979 (France).
Vit et travaille à Paris.
Représenté par Jean Brolly.
Vit et travaille à Paris.
Représenté par Jean Brolly.
Andreas Dobler, né en 1963 (Suisse).
Vit et travaille à Zurich.
Vit et travaille à Zurich.
Andreas Dobler, né en 1963 (Suisse).
Vit et travaille à Zurich.
Vit et travaille à Zurich.
David Malek, (1977, États-Unis d'Amérique) vit et travaille à Paris.
David Malek, (1977, USA) lives and works in Paris (FR).
Justin Meekel
Justin Meekel
Éric Tabuchi, vit et travaille à Paris.
Représenté par Dohyanglee.
Représenté par Dohyanglee.
Éric Tabuchi, vit et travaille à Paris.
Représenté par Dohyanglee.
Représenté par Dohyanglee.
Arnaud Verin, né en 1982 (France).
Vit et travaille à Angers.
Vit et travaille à Angers.
Arnaud Verin, né en 1982 (France).
Vit et travaille à Angers.
Vit et travaille à Angers.
La Salle de bains reçoit le soutien du Ministère de la Culture DRAC Auvergne-Rhône-Alpes,
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.