











Mouchoirs et Crachoirs - salle 3, Sophie Nys, la Salle de bains, Lyon du 11 juin au 3 juillet 2021. Photo: Jesús Alberto Benítez
Mouchoirs et Crachoirs - room 3, Sophie Nys, la Salle de bains, Lyon from 11 June to 3 July 2021. Photo: Jesús Alberto Benítez
Mouchoirs et Crachoirs - salle 3
Du 11 juin au 3 juillet 2021From 11 June to 3 July 2021
L’intérêt de Sophie Nys pour les inventaires est manifeste dans les livres d’artiste qu’elle a réalisés ces dernières années : on y trouve par exemple des pierres à vinaigre, des fontaines publiques, des gaufriers décorés, ou encore des statuettes d’un saint pestiféré.
Pour le dernier volet de son exposition à la Salle de bains, c’est encore à un objet autrefois dédié à un usage quotidien que l’artiste souhaitait rendre hommage. Par ses dimensions modestes qui le situent à mi-chemin entre l’objet et le mobilier, il rejoint nombre des préoccupations formelles de l’artiste. Aussi, le doute plane sur son utilité, quand à distance de son époque il pourrait être pris pour un vase, une table de chevet, un socle ou encore une sculpture. Si sa sympathie pour les trous aura été remarquée dès la première salle, rappelons que Sophie Nys affectionne également les contenants, surtout quand le contenu est sujet à caution.
À ce titre, l’on pourra se reporter au texte du docteur Gustave Jorissenne reproduit dans le troisième livret d’exposition, qui préconise en 1900 un emploi combiné du crachoir et du mouchoir pour un contenu adapté au type de fluide et à son trajet. Tandis que la précision scientifique de ces propos les rapproche de la pédagogie récemment déployée pour un bon usage du masque chirurgical par la population, l’on sera saisi par l’influence des mœurs et des avancées de la médecine sur l’apparition et la disparition des objets dans les espaces publics et privés.
Comme en témoigne cette série de dessins de Joseph Danhauser conservée avec leurs modèles au Musée des arts appliqués (MAK) de Vienne, le crachoir, comme toute innovation technique, a fait l’objet d’explorations stylistiques soutenues, déployant un large vocabulaire décoratif ou, au contraire, recherchant la sobriété du pur fonctionnalisme. L’énumération de ces spécimens dépourvus de leur contexte (leur solitude est soulignée par ces ombres portées) convoque inévitablement les architectures variées auxquelles ils auraient été assortis, projetant ceux·celles qui les regardent dans d’autres dimensions et d’autres échelles.
Car l’artiste est toujours attentive – quitte à user de malice – aux postures et aux mouvements des corps plus ou moins induits par les objets disponibles dans l’espace. Il en va bien sûr du crachoir, mais l’on pourra aussi observer une référence lointaine aux stations du chemin de croix dans la scansion rigoureuse du périmètre de la Salle de bains par ces dessins reproduisant pieusement les aquarelles de Danhauser. D’autres objets positionnés à différentes hauteurs laissent envisager une ergonomie plus originale ou moins convenable, un soupçon que pourrait encourager le caractère obsessionnel de cette passion pour les crachoirs ainsi exprimée.
Comme pour la fresque réalisée à la poudre de Viagra dans la salle précédente, il convient ici de prêter attention au matériau employé pour appréhender le mouvement circulaire dans lequel est pris, depuis le départ, cette exposition : ce fluide brun déposé sur les feuilles de papier couleur menthe (ou hospice), n’est autre que le résidu récolté après décoction du laurier des vainqueurs qui avait fait son entrée dans la première salle, accompagné d'une porte blindée qui semble maintenant faire ses adieux.
Pour le dernier volet de son exposition à la Salle de bains, c’est encore à un objet autrefois dédié à un usage quotidien que l’artiste souhaitait rendre hommage. Par ses dimensions modestes qui le situent à mi-chemin entre l’objet et le mobilier, il rejoint nombre des préoccupations formelles de l’artiste. Aussi, le doute plane sur son utilité, quand à distance de son époque il pourrait être pris pour un vase, une table de chevet, un socle ou encore une sculpture. Si sa sympathie pour les trous aura été remarquée dès la première salle, rappelons que Sophie Nys affectionne également les contenants, surtout quand le contenu est sujet à caution.
À ce titre, l’on pourra se reporter au texte du docteur Gustave Jorissenne reproduit dans le troisième livret d’exposition, qui préconise en 1900 un emploi combiné du crachoir et du mouchoir pour un contenu adapté au type de fluide et à son trajet. Tandis que la précision scientifique de ces propos les rapproche de la pédagogie récemment déployée pour un bon usage du masque chirurgical par la population, l’on sera saisi par l’influence des mœurs et des avancées de la médecine sur l’apparition et la disparition des objets dans les espaces publics et privés.
Comme en témoigne cette série de dessins de Joseph Danhauser conservée avec leurs modèles au Musée des arts appliqués (MAK) de Vienne, le crachoir, comme toute innovation technique, a fait l’objet d’explorations stylistiques soutenues, déployant un large vocabulaire décoratif ou, au contraire, recherchant la sobriété du pur fonctionnalisme. L’énumération de ces spécimens dépourvus de leur contexte (leur solitude est soulignée par ces ombres portées) convoque inévitablement les architectures variées auxquelles ils auraient été assortis, projetant ceux·celles qui les regardent dans d’autres dimensions et d’autres échelles.
Car l’artiste est toujours attentive – quitte à user de malice – aux postures et aux mouvements des corps plus ou moins induits par les objets disponibles dans l’espace. Il en va bien sûr du crachoir, mais l’on pourra aussi observer une référence lointaine aux stations du chemin de croix dans la scansion rigoureuse du périmètre de la Salle de bains par ces dessins reproduisant pieusement les aquarelles de Danhauser. D’autres objets positionnés à différentes hauteurs laissent envisager une ergonomie plus originale ou moins convenable, un soupçon que pourrait encourager le caractère obsessionnel de cette passion pour les crachoirs ainsi exprimée.
Comme pour la fresque réalisée à la poudre de Viagra dans la salle précédente, il convient ici de prêter attention au matériau employé pour appréhender le mouvement circulaire dans lequel est pris, depuis le départ, cette exposition : ce fluide brun déposé sur les feuilles de papier couleur menthe (ou hospice), n’est autre que le résidu récolté après décoction du laurier des vainqueurs qui avait fait son entrée dans la première salle, accompagné d'une porte blindée qui semble maintenant faire ses adieux.
Handkerchiefs and Spittoons
Sophie Nys’s interest in inventories can be seen in the artist’s books she has produced in the past few years. They include, for example, pierres à vinaigre (“vinegar stones”), public fountains, decorated waffle irons, even statuettes of a saint who was a victim of the plague.
For the final iteration of Sophie’s show at La Salle de bains, the artist would like to pay homage once again to an object with an everyday use in days past. With its modest size – which places it midway between an object and a piece of furniture – and the doubt surrounding its use – when, long after the period that witnessed its use, it might be taken for a vase, a night stand, a pedestal, even a piece of sculpture – it fits in with many of the artist’s formal concerns. While her sympathy for holes was surely noticed from her first gallery, let’s not forget that Sophie is also fond of containers – especially when what is contained is questionable.
In this regard, we can refer to the text by Doctor Gustave Jorissenne that is reproduced in the third exhibition booklet, recommending in 1900 the combined use of a spittoon and a handkerchief for a content adapted to the kind of fluid and its trajectory. While the scientific precision of the good doctor’s words links them to the general instructions recently deployed for making good use of surgical masks by the public, it is striking to see the influence of mores and medical advances on the appearance and disappearance of objects in public and private spaces.
As can be seen in a series of designs by Joseph Danhauser conserved along with their models in Vienna’s Museum of Applied Arts (MAK), the spittoon, like any technical innovation, was the focus of sustained exploration in terms of style, displaying a broad decorative vocabulary or, on the contrary, seeking the pared-down simplicity of pure functionalism. Enumerating these examples devoid of their context (their solitude is underscored by the shadows cast around them) inevitably conjures up the variety of architectures they once matched, projecting viewers into other dimensions and scales.
For the artist always pays close attention – even if it means making mischief – to the postures and movements of bodies that are more or less prompted by the objects that are available in a given space. This of course holds for the spittoon, but viewers may also catch a distant reference to the stations of the cross in the rigorous display, one after another, of the drawings that religiously reproduce Danhauser’s watercolors along the perimeter of La Salle de bains. Other objects positioned at different heights suggest a more original or less suitable ergonomics, a mere hint that could be encouraged by the obsessive character of this passion for spittoons that has been given expression in this way.
Like the fresco done with Viagra powder in the earlier gallery, here, too, it is important to pay attention to the materials employed to grasp the circular movement which this exhibition has been caught up in from the very start. The brown fluid deposited on the mint-colored (or nursing-home colored) sheets of paper is none other than the residue collected after boiling the winners’ bay leaves from the laurel tree that had made its entrance in the first gallery, accompanied by the door which now seems to be bidding us farewell.
translation: John O'Toole
Sophie Nys’s interest in inventories can be seen in the artist’s books she has produced in the past few years. They include, for example, pierres à vinaigre (“vinegar stones”), public fountains, decorated waffle irons, even statuettes of a saint who was a victim of the plague.
For the final iteration of Sophie’s show at La Salle de bains, the artist would like to pay homage once again to an object with an everyday use in days past. With its modest size – which places it midway between an object and a piece of furniture – and the doubt surrounding its use – when, long after the period that witnessed its use, it might be taken for a vase, a night stand, a pedestal, even a piece of sculpture – it fits in with many of the artist’s formal concerns. While her sympathy for holes was surely noticed from her first gallery, let’s not forget that Sophie is also fond of containers – especially when what is contained is questionable.
In this regard, we can refer to the text by Doctor Gustave Jorissenne that is reproduced in the third exhibition booklet, recommending in 1900 the combined use of a spittoon and a handkerchief for a content adapted to the kind of fluid and its trajectory. While the scientific precision of the good doctor’s words links them to the general instructions recently deployed for making good use of surgical masks by the public, it is striking to see the influence of mores and medical advances on the appearance and disappearance of objects in public and private spaces.
As can be seen in a series of designs by Joseph Danhauser conserved along with their models in Vienna’s Museum of Applied Arts (MAK), the spittoon, like any technical innovation, was the focus of sustained exploration in terms of style, displaying a broad decorative vocabulary or, on the contrary, seeking the pared-down simplicity of pure functionalism. Enumerating these examples devoid of their context (their solitude is underscored by the shadows cast around them) inevitably conjures up the variety of architectures they once matched, projecting viewers into other dimensions and scales.
For the artist always pays close attention – even if it means making mischief – to the postures and movements of bodies that are more or less prompted by the objects that are available in a given space. This of course holds for the spittoon, but viewers may also catch a distant reference to the stations of the cross in the rigorous display, one after another, of the drawings that religiously reproduce Danhauser’s watercolors along the perimeter of La Salle de bains. Other objects positioned at different heights suggest a more original or less suitable ergonomics, a mere hint that could be encouraged by the obsessive character of this passion for spittoons that has been given expression in this way.
Like the fresco done with Viagra powder in the earlier gallery, here, too, it is important to pay attention to the materials employed to grasp the circular movement which this exhibition has been caught up in from the very start. The brown fluid deposited on the mint-colored (or nursing-home colored) sheets of paper is none other than the residue collected after boiling the winners’ bay leaves from the laurel tree that had made its entrance in the first gallery, accompanied by the door which now seems to be bidding us farewell.
translation: John O'Toole
Liste des œuvres :
List of works :
Laurier, 2021
plante
dimensions variables
Crachoir, 2020
bois
12×18×33cm
Spucknapf, 2021
encre laurier sur papier
29.7×21cm (chaque)
Niels (Belgisch rechts trekken), 2021
porte en métal peint
96.5×230×9 cm
Adieu, 2021
mouchoir
dimensions variables
Kniebank, 2016
chêne et cuir
7.5×46×21cm
Petit mobilier, 2021
objets en bois
dimensions variables
plante
dimensions variables
Crachoir, 2020
bois
12×18×33cm
Spucknapf, 2021
encre laurier sur papier
29.7×21cm (chaque)
Niels (Belgisch rechts trekken), 2021
porte en métal peint
96.5×230×9 cm
Adieu, 2021
mouchoir
dimensions variables
Kniebank, 2016
chêne et cuir
7.5×46×21cm
Petit mobilier, 2021
objets en bois
dimensions variables
Laurier, 2021
plant
variable dimensions
Crachoir, 2020
wood,
12×18×33cm
Spucknapf, 2021,
bay-leaf ink on paper
29.7×21cm (each)
Adieu, 2021
handkerchief
variable dimensions
Niels (Belgisch rechts trekken), 2021
painted metal door
96.5×230×9 cm
Kniebank, 2016
oak and leather
7.5×46×21cm
Petit mobilier, 2021
wooden objects
variable dimensions
plant
variable dimensions
Crachoir, 2020
wood,
12×18×33cm
Spucknapf, 2021,
bay-leaf ink on paper
29.7×21cm (each)
Adieu, 2021
handkerchief
variable dimensions
Niels (Belgisch rechts trekken), 2021
painted metal door
96.5×230×9 cm
Kniebank, 2016
oak and leather
7.5×46×21cm
Petit mobilier, 2021
wooden objects
variable dimensions

Mouchoirs et Crachoirs - salle 3, 2021
Affiche
Sophie Nys (1974), vit et travaille à Bruxelles, Belgique.
Ses dernières expositions personnelles regroupent notamment Family Nexus à KIOSK à Gand, Belgique (2019), Etui of the private individual à la Galerie Greta Meert, Bruxelles, Belgique (2019), Not a shoe à Guimaraes, Vienne, Autriche (2018), Sophie Nys à Archiv de Zurich, Suisse (2015), Ein Tisch ohne Brot ist ein Brett au CRAC Alsace, Altkirch (2015) ou encore Parque do Flamengo à La Loge, Bruxelles, Belgique (2012).
L’artiste est représentée par la Galerie Greta Meert, Bruxelles, Belgique.
Ses dernières expositions personnelles regroupent notamment Family Nexus à KIOSK à Gand, Belgique (2019), Etui of the private individual à la Galerie Greta Meert, Bruxelles, Belgique (2019), Not a shoe à Guimaraes, Vienne, Autriche (2018), Sophie Nys à Archiv de Zurich, Suisse (2015), Ein Tisch ohne Brot ist ein Brett au CRAC Alsace, Altkirch (2015) ou encore Parque do Flamengo à La Loge, Bruxelles, Belgique (2012).
L’artiste est représentée par la Galerie Greta Meert, Bruxelles, Belgique.
Sophie Nys (1974), lives and works in Brussels, Belgium.
Her recent solo shows include Family Nexus at KIOSK, Ghent, Belgium (2019); Etui of the private individual at Galerie Greta Meert, Brussels, Belgium (2019); Not a shoe at Guimaraes, Vienna, Austria (2018); Sophie Nys at Archiv, Zurich, Switzerland (2015); Ein Tisch ohne Brot ist ein Brett, CRAC Alsace, Altkirch, France (2015); and Parque do Flamengo at La Loge, Brussels, Belgium (2012).
The artist is represented by Galerie Greta Meert, Brussels, Belgium.
Her recent solo shows include Family Nexus at KIOSK, Ghent, Belgium (2019); Etui of the private individual at Galerie Greta Meert, Brussels, Belgium (2019); Not a shoe at Guimaraes, Vienna, Austria (2018); Sophie Nys at Archiv, Zurich, Switzerland (2015); Ein Tisch ohne Brot ist ein Brett, CRAC Alsace, Altkirch, France (2015); and Parque do Flamengo at La Loge, Brussels, Belgium (2012).
The artist is represented by Galerie Greta Meert, Brussels, Belgium.
Conférence de l'archéologue Cécile Batigne-Vallet (directrice du laboratoire ArAr, Maison de l'Orient et de la Médierranée, Lyon 2/ CNRS) au sujet des céramiques et de l'alimentation romaine à Lugdunum, le 19 juin dans la roseraie du parc de la Tête d'or.
Lecture by archaeologist Cécile Batigne-Vallet (director of the ArAr laboratory, Maison de l'Orient et de la Méditerranée, Lyon 2/ CNRS) on Roman ceramics and food in Lugdunum, June 19 in the rose garden of the Parc de la Tête d'or.
La Salle de bains reçoit le soutien du Ministère de la Culture DRAC Auvergne-Rhône-Alpes, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
Ce projet a reçu le soutien de Flanders state of the art.
Merci à la paroisse Saint-Paul pour le prêt d'objets.
Ce projet a reçu le soutien de Flanders state of the art.
Merci à la paroisse Saint-Paul pour le prêt d'objets.



