Photo : Jesús Alberto Benítez
Photo : Jesús Alberto Benítez
Take, Retake, and Remake (Back the Night)
Le texte qui précède a été écrit pour l’exposition de Mar García Albert, Take, Retake and Remake (Back the Night). Il décrit une exposition légèrement différente de celle dans laquelle vous vous trouvez. En effet, sachant trop bien que la Salle de bains s’intéresse aux formats de l’exposition, les artistes invité.e.s pour une exposition en proposent parfois deux.
Le texte au sujet de la première version de l’exposition omet de mentionner le fait que l’artiste, toujours ouverte à de nouvelles expérimentations et toujours préoccupée par le temps laissé disponible à la création, c’est à dire après avoir soustrait le temps nécessaire pour faire tout le reste (gagner de l’argent pour vivre, prendre soin des autres et de la maison), avait décidé de créer pour la Salle de bains de nouvelles oeuvres en refaisant les oeuvres montrées dans une exposition précédente à Vienne, intitulée pour sa part Take and Retake (Back the Night)*. Cela lui permettait de se concentrer sur la pratique de la peinture, sur ce qui se joue sur la toile elle-même en termes de textures, de gestes, de tempo. Cela permet aussi de prolonger le raisonnement sur le sujet de la peinture en (re)faisant la peinture, ce qui donne autant d’occasions de le mettre en doute. Pour cette exposition et la précédente (qui dans l’ordre chronologique vient après), l’artiste se donne pour sujet : la nuit. Elle l’aborde à la fois par la référence picturale, comme au Sabbat des sorcières peint par Goya vers 1798 (Akelarre), et par la référence à l’histoire sociale et politique, en réalisant des portraits anonymes de militantes féministes tirés de photographies d’archives des manifestations “Women take back the night” aux Etats-Unis. Cette galerie de portraits exprime de la vitalité en même temps qu’elle donne un sentiment de distance, presque mélancolique, à l’aune d’une histoire qui se répète, du travail qu’il reste à faire, quand les inégalités ne sont jamais vaincues.
Refaire les peintures des autres ou refaire ses propres peintures est aussi un geste inscrit dans l’histoire de l’art. Il procède de l’apprentissage et de l’hommage mais aussi de la critique des valeurs traditionnelles de l'œuvre d’art, adossées à celles d’authenticité, de style, de signature. À ce propos, on se souviendra peut-être que, dans la version précédente, l’un des portraits de femmes était transformé en une petite peinture portant l’inscription “Garcia Liv”. Il ne s’agissait pas d’une signature mais de la reprise de l’écriture du commerçant sur la livraison de toiles arrivées dans l’atelier de l’artiste, la ramenant ainsi à son statut de marchandise ordinaire, produite en série.
The text stappled to the one you are reading was written for Mar García Albert’s show Take, Retake and Remake (Back the Night). It describes an art exhibition that is slightly different from the one you now find yourself in. Indeed, knowing all too well that La Salle de bains is interested in exhibition formats, invited artists sometimes offer the public two shows.
The text concerning the first version of the exhibition fails to mention a key decision. Always open to new experiments and always concerned by the time available for making art, that is after subtracting the time needed for doing all the other stuff (make a living, take care of others and the house), Mar García Albert had decided to create for La Salle de bains a number of new pieces by reworking what she exhibited in an earlier show in Vienna titled Take and Retake (Back the Night). This allowed her to focus on the practice of painting, on what plays out on the canvas itself in terms of textures, gestures, and tempo. It also made it possible to extend the thinking about the subject of the painting by (re)working the painting, which provides just as many chances to question that subject. For the present show and the preceding one (which comes afterwards in chronological order), the artist has taken night as her subject. She tackles it through both art-historical references, like Goya’s Witches’ Sabbath, which he painted around 1798 (El Akelarre), and references to politics and social history, painting anonymous portraits of feminist activists borrowed from archival photographs of the “Women take back the night” demonstrations in the United States. This portrait gallery expresses vitality while giving off a feeling of distance, melancholy almost, in light of a history that repeats itself, and of the work that remains to do, when inequality is never really overcome.
Redoing paintings done by others or by the artist’s own hand is also a gesture that is well established in the history of art. It springs from training as well as the tribute artists pay to their elders, but also from the critique of the traditional values of the work of art, backed by those of authenticity, style, and signature. In this regard, it is worth recalling that in the early iteration of the show, one of the women’s portraits was transformed into a small-format painting bearing the words “Garcia Liv.” This was not a signature but rather a repeat of the shopkeeper’s writing on the lot of canvases that was delivered (livré and livraison in French) to the artist’s studio, returning the shipment of blank pictures back to their status as ordinary goods produced in series.
1- Mar Garcia Albert, Take and Retake (Back the Night), 15.03-29.03.2024, New Jörg, Vienna.
Translation : John O'Toole
Liste des œuvres :
List of works :
De gauche à droite
Akelarre Painting, 2024
Peinture à l'huile sur toile plastifiée, 100 x 80 cm
Soundtrack Piece, 2024
Peinture à l'huile sur toile, série de 6, 35 x 27 cm
Flexible painting, 2024
Peinture à l'huile sur toile, 13,5 x 18 cm
Sin título, 2024
Techniques mixtes, 52 x 19 cm
Moon Painting, 2024
Peinture à l'huile sur toile plastifiée, miroir, 80 x 60 cm
Sin título, 2024
Peinture à l'huile sur toile, 28 x 22 cm
Akelarre Painting, 2024
Oil paint on plastic-coated canvas, 100 x 80 cm
Soundtrack Piece, 2024
Oil paint, series of 6, 35 x 27 cm
Flexible painting, 2024
Oil paint, 13,5 x 18 cm
Sin título, 2024
Mixed media, 52 x 19 cm
Moon Painting, 2024
Oil paint on plastic-coated canvas, miroir 80 x 60 cm
Sin título, 2024
Oil paint, 28 x 22 cm
Mar García Albert (*1980) vit et travaille à Paris. Elle est diplômée d’un MA de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Son travail a été présenté dans des expositions personnelles ou collectives, notamment à New Joerg Kunstverein, Vienne(2024), Villa Belleville, Paris, Glassbox, Paris, Kunstverein Bielefeld (toutes en 2023), DOC, Paris (2021), Centre Pompidou, Paris, Centre del Carmen CCCCV, Valence ( l'une et l'autre en 2020), FRAC Champagne-Ardenne, Reims, Kunstverein am Rosa-Luxemburg-Platz, Berlin (l'une et l'autre en 2019), Fondation Entreprise Ricard, Paris (2018), and Sala Gran, La Capella, Barcelone (2015).
Mar García Albert (*1980) lives and works in Paris. She holds an MA from the Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Her work was presented in solo and group exhibitions, notably at New Joerg Kunstverein, Vienna (2024), Villa Belleville, Paris, Glassbox, Paris, Kunstverein Bielefeld (all in 2023), DOC, Paris (2021), Centre Pompidou, Paris, Centre del Carmen CCCCV, Valencia (both in 2020), FRAC Champagne- Ardenne, Reims, Kunstverein am Rosa-Luxemburg-Platz, Berlin (both in 2019), Fondation Entreprise Ricard, Paris (2018), and Sala Gran, La Capella, Barcelona (2015).
de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de la Ville de Lyon.
Cette exposition bénéficie d'une aide du Service Culturel de l'Ambassade d'Espagne à Paris
En partenariat avec New Jörg (Vienne, AT)